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Algérie – Des programmes publics de logements qui ciblent les classes moyennes

Par Maghreb Émergent
3 mars 2014
Algérie – Des programmes publics de logements qui ciblent les classes moyennes

LPP

Après avoir été pendant longtemps les oubliées de la « distribution » administrative de l’offre de logements disponible, les classes moyennes nationales sont devenues la cible numéro un des programmes de logements publics. Ou du moins de la communication officielle.

 

 En 2001, la formule AADL, explicitement destinée à la classe moyenne algérienne, a provoqué un engouement considérable et enregistré, avant la suspension des inscriptions, plus de 300 000 demandes. Le programme bloqué et abandonné en 2011 par le gouvernement Ouyahia est relancé et renforcé aujourd’hui. Les chiffres officiels publiés récemment montrent une réévaluation accélérée du montant de ce programme. Il est passé en quelques mois de 70 000 unités à 150 000 puis à 230 000 unités. Des objectifs très ambitieux en comparaison d’un total de 55 000 logements de type AADL livrés depuis le lancement de la formule en 2001. Les délais de livraison du programme ont également déjà donné lieu à quelques cafouillages officiels. Finalement, les premières livraisons interviendraient au début 2016, ce qui ne veut évidemment pas dire que la totalité du programme annoncé sera réalisé à cette date…

Rassurer d’abord.

La comparaison entre le nombre de demandes cumulées des programmes AADL 1 et 2, qui avoisine les 900 000, et le programme annoncé, donne une idée de l’importance des attentes des algériens dans ce domaine. « Rassurer », est pour l’heure le credo des pouvoirs publics. La quasi-totalité des 700 000 demandes déposées en quelques semaines fin 2013 ont reçu un « avis favorable » et les candidats concernés ont été invités à constituer leurs dossiers. Quid des demandeurs du programme AADL1 qui attendent depuis plus de 10 ans ? « On va essayer de les faire passer en priorité », a lancé, après quelques hésitations, le DG de l’AADL, Lyes Benidir.  Dans le «ciblage » récent des classes moyennes, les autorités ont créé, en juin 2009, l’ENPI (Entreprise nationale de la promotion immobilière), une structure publique chargée d’absorber les 17 anciennes EPLF et d’encourager le logement de type promotionnel. Dans la foulée, on a annoncé la création de la nouvelle catégorie des logements promotionnels publics (LPP) dont les bénéficiaires seront les ménages au revenu mensuel compris entre 6 et 12 fois le SMIC. Une clientèle potentielle appartenant à la « classe moyenne supérieure », dont les effectifs se sont renforcés à la faveur des récentes augmentations de salaires de beaucoup de professions (médecins, enseignants du supérieur, cadres de l’administration et des entreprises des secteurs publics et privés). Aux dernières informations, la formule LPP pour laquelle les inscriptions restent ouvertes, a déjà enregistré, en dépit de son caractère « élitiste », plus de 46 000 demandes dont 38. 000 ont été acceptées. Le DG de l’ENPI, Amar Guellati, estime « la demande potentielle entre 60 et 80 000 logements ». Avec cette clientèle réputée aisée aussi le gouvernement se montre rassurant et conciliant. Le montant de la première tranche du versement exigé vient d’être réduit de moitié. Une association de création récente regroupant les demandeurs de cette catégorie a demandé « plus de transparence ». Les pouvoirs publics répondent que « plus de 16000 logements sont déjà en chantier et que la grille des critères d’attribution est en cours d’élaboration ».

Vers une augmentation sensible de l’offre ?

Au regard de l’importance des besoins formulés, l’un des enjeux essentiels concerne la quantité de logements mis sur le « marché ». Les millions de logements annoncés dans les deux derniers plans n’ont pas été produit. Le bilan est décevant. Le ministre de l’habitat en est arrivé à dire ouvertement que les capacités nationales annuelles de production de logements (en milieu urbain) ne dépassent pas 100 000 unités. D’où le recours massif au+ partenariat international qui aurait pu, en d’autres temps, soulever un tollé. Le gouvernement cherche à sauver le bilan du quinquennat en livrant au total, logement rural compris, un peu plus d’1 million de logements à fin 2014 tout en lançant la totalité des programmes en attente. Les contacts se sont multipliés depuis la fin de l’été 2012. Ils ont abouti en un temps record à la signature de protocoles d’accords et à la création de très nombreuses sociétés mixtes avec des partenaires italiens, espagnols et portugais notamment. Un changement de cap dont le but est d’augmenter sensiblement l’offre et de moderniser l’outil de réalisation national avec à la clé une réduction des délais ainsi que l’amélioration de la qualité des logements. Reste à juger sur pièce des effets de cette nouvelle politique qui semble déjà se heurter à de nombreux obstacles et ne suscite pas l’enthousiasme attendu des partenaires étrangers.

Un nouvel enjeu, la gestion immobilière.

Qui a entendu parler de Gest.immo ? C’est le nom de la filiale spécialisée de l’AADL dans le domaine de l’entretien du parc immobilier relevant de l’Agence. Les 2  formules de logements destinées aux classes moyennes  se distinguent  du « logement social participatif » et de ses limites bien connues  par la qualité présumée de la construction et des charges « élevées » (environ 2000 dinars par mois), destinées à assurer l’entretien et la maintenance du parc. L’une des principales innovations des logements destinés à la classe moyenne nationale est en effet l’insistance sur l’entretien des nouveaux immeubles. Une démarche censée répondre à une attente formulée par une population plus exigeante sur le chapitre de l’hygiène et du confort. Pour l’instant les résultats obtenus par la filiale spécialisée de l’AADL, en dépit de ses 1500 employés, ne semblent pas à la mesure des attentes et de la contribution des copropriétaires. Ascenseurs en panne et dégradations des parties communes sont régulièrement dénoncées dans la presse. La croissance accélérée de ce parc de logements au cours des prochaines années va faire émerger un nouvel enjeu, pour l’instant largement sous-estimé par les pouvoirs publics, celui de la gestion immobilière.

 

 

 

 

 

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