Les graves incidents ayant émaillé le meeting avorté de Abdelmalek Sellal à Béjaia, ont été unanimement condamné par les acteurs politiques et associatifs de la région. Les dégâts causés à la bâtisse de la maison de la culture ont été estimés par l’assureur à 10 milliards de centimes.
C’est le montant révélé dimanche par la directrice de la maison de la culture, Mme Gaoua, sur la base d’une évaluation des dégâts effectuée par des experts de la Cash assurance. Quelque 10 milliards de centimes sont nécessaires pour réhabiliter cette bâtisse, qui a été l’objet d’incendie et de pillage. Plus de 800 ouvrages ont été brulés ou pillés. Idem pour les instruments de musique et les micros ordinateurs. La belle salle de presse a été complètement calcinée, a ajouté la directrice. Seul réconfort, des dizaines de personnes, hommes et femmes, se sont présentés pour soutenir moralement la directrice et regretter qu’en 2014, on puisse encore détruire un bien public, qui bénéficie au citoyen.
Tout en dénonçant le recours à la violence, des acteurs politiques et des militants associatifs ont appelé la population locale à « faire preuve de vigilance devant les pyromanes, de tous bords qui veulent entrainer la région dans une voie, préjudiciable et dangereuse pour la cohésion nationale.»
Un ancien militant du RCD a affirmé que ces événements avaient été provoqués par un groupuscule qui cherche à entrainer la région dans un cycle de violence. «Ils étaient une poignée de contestataires au début, mais on a laissé leurs rangs grossir jusqu’à ce qu’ils ne soient plus contrôlables. J’estime qu’Abdelmalek Sellal aurait pu tenir son meeting entre 9h et 10h, » a-t-il dit.
« Les organisateurs sont responsables des heurts »
Un ancien député de Béjaïa, présent sur les lieux, est convaincu que c’est le fait que le meeting ait été interdit à tout le monde qui a suscité l’ire des manifestants : «On a trié sur le volet les participants à cette réunion ; qu’ils ne viennent pas nous dire après que c’est un meeting populaire. A l’exception des journalistes, tous les participants sont connus pour être des soutiens de Bouteflika et donc du 4ème mandat. Il n’a rien de populaire puisque même les journalistes locaux sont rentrés avec des invitations.»
Une lecture que confirme Abderrezak, un jeune du comité de campagne d’Ali Benflis, a tourné en dérision les accusations de Sellal, selon lesquelles ce sont les partisans de l’ancien Chef du gouvernement qui sont derrière ces incidents. «Je suis presque certain que c’est parce qu’ils ont empêché les gens d’accéder dans la salle alors qu’ils sont venus spontanément écouter le directeur de campagne de Bouteflika que l’action des protestataires ait dérapé,» a-t-il dit.
Fin de campagne avant l’heure à Béjaia ?
Les animateurs du Comité de solidarité avec les travailleurs, qui font partie du Comité pour le changement du système, condamnent unanimement les violences, qui ont émaillé les meetings de Moussa Benhamadi et d’Abdelmalek Sellal. Ils sont convaincus qu’avec les incidents de samedi, « on a signé la fin de la campagne électorale à Béjaïa ». Ils en veulent pour preuve, la fermeture de plusieurs permanences des candidats à Béjaia, et des risques que d’autres postulants en course voient leurs meetings empêchés. C’est le cas pour Moussa Touati, qui doit animer mardi prochain une réunion à Akbou ; Benflis, jeudi et Ouyahia, vendredi.