Le financement non conventionnel a été parfois utilisé dans une économie de marché concurrentielle structurée ayant un potentiel productif, loin de tout monopole et assis sur une bonne gouvernance où existe des facteurs de production oisifs afin de relancer la demande globale (consommation et investissement). Nous devons faire attention, car l’Algérie souffre de rigidités structurelles.
Si ce financement s’adresse aux secteurs productifs concurrentiels en termes de coût/qualité, tenant compte de la quatrième révolution économique mondiale, les tensions à court terme seront amorties par les effets positifs à moyen terme du fait de la création de valeur ajoutée. Entre temps, il sera nécessaire une mobilisation de la population, passant non par des actions bureaucratisées mais un langage de vérité pour expliquer concrètement les enjeux et une moralisation de la société afin de susciter son adhésion. En cas où n’existerait pas de dynamisation du secteur productif, de versements de salaires sans contreparties productives et l’apparition de nouvelles rentes spéculatives par la planche à billets nous aurons les conséquences suivantes, avec l’hypothèse d’un cours du baril tournant autour de 50/55 dollars, en dessous, la situation serait dramatique.
a.– une inflation à deux chiffres à terme et une méfiance de la population qui va pour se prémunir se refugier dans des achats comme l’or, les devises, l’immobiliers, le stockage de biens durables, élargissant la sphère informelle. Rappelons que l’emprunt obligataire a eu un résultat mitigé vis à vis de l’insertion du capital argent de la sphère informelle, l’essentiel du capitalisé provenant de la sphère réelle ce qui a conduit à l’assèchement des liquidités des banques, tout en encourageant certaines rentes spéculatives profitant d’un taux d‘intérêt de 5 à 5,75%. Et avec un taux d’inflation supérieur ceux qui ont placé leur capital argent se trouvent pénalisés, accroissant encore plus la méfiance vis-à-vis du dinar,
–b.-relèvement obligatoire des taux d’intérêts des banques si on veut éviter leur faillite,
–c– avec des taux d’intérêts à deux chiffres frein de l’investissement productif,
–d.-une baisse du même niveau sur les revenus fixes notamment des salariés et des fonctionnaires l’Etat qui risquent d’avoir un revenu divisé par deux en termes de parité de pouvoir d’achat avec le laminage des couches moyennes , l’inflation réalisant une épargne forcée pour combler le déficit budgétaire avec le risque de la spirale, revendication sociales, hausse des salaires, inflation – hausse des salaires et inflation,
e.-dérapage accéléré du dinar s’orientant officiellement vers 200 dinars un euro et sur le marché parallèle un écart de 50% avec le renchérissement de tous les biens importés accélérant le processus inflationniste.
En résumé, la sécurité nationale étant posée, l’Algérie en ce mois de septembre 2017, ne connait pas encore de crise financière mais une crise de gouvernance. Mais le risque sans correction de l’actuelle politique économique et notamment industrielle dont le résultat est mitigé ces dernières années contrairement à certains discours démentis par le terrain, est d’aller droit vers le FMI horizon 2018/2019 ou cohabiteront crise financière et crise de gouvernance. Dans ce cadre, c’est une évidence d’affirmer que le système financier algérien a besoin d’être réformé, n’existant pas de banques accompagnant les véritables investisseurs et pas de véritables bourse des valeurs. Une hérésie économique des entreprises étatiques dominantes souvent déficitaires achetant des entreprises étatiques déficitaires. Ni Sonatrach, ni Sonelgaz et ni de grandes entreprises privées n’étant cotés en bourse. L’économie algérienne est totalement rentière avec 98% d’exportation d’hydrocarbures et important plus de 70% des besoins des ménages et des entreprises. Tout est irrigué par la rente des hydrocarbures donnant ainsi des taux de croissance, de chômage et d’inflation fictifs. La richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d’hydrocarbures) – stock monétaire (transformation: richesse monétaire) – répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fonds de régulation). La société des hydrocarbures ne créait pas de richesses ou du moins très peu. Elle transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l’entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change qui par le passé, du fait de la faiblesse de capacité d’absorption ont été placées à l’étranger. Cette transformation n’est plus dans le champ de l’entreprise mais se déplace dans le champ institutionnel (problème de la répartition). Or la richesse ne peut apparaitre que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. Aussi, la solution la plus sûre est d’avoir une vision stratégique, loin de tout replâtrage, les tactiques pour paraphraser les experts militaires, devant s’insérer au sein d’une fonction objectif stratégique ce qui fait cruellement défaut actuellement, Comme l’a instruit le président de la république, c’est d‘aller vers de profondes réformes structurelles et une mobilisation générale de toutes les composantes de la société sans lesquelles, l’on ne pourra pas faire émerger une économie diversifiée. Sans réformes, au-delà de 2020, il sera impossible de maintenir le niveau des réserves au vu de la situation économique. Evitons toutefois la sinistrose. L’Algérie du fait de ses potentialités avec une nouvelle politique économique peut surmonter la crise. Car toute récession économique aurait des incidences sociales et politiques internes mais également déstabilisatrices géostratégiques au niveau de la région méditerranéenne et africaine. Il y va de la sécurité nationale. [email protected] Professeur Abderrahmane MEBTOUL