Selon Belhouchet, Grine se serait inspiré d’une campagne de répression menée au Maroc contre une grande presse.
Le directeur de publication du quotidien El Watan, Omar Belhouchet a dressé, lors de son passage hier sur Radio M, un sévère réquisitoire contre l’ancien ministre de la communication Hamid Grine.
« Grine sera jugé par l’histoire pour crime commis contre la presse. Il avait pour mission de casser El Khabar et El Watan. Il s’est occupé de la sale besogne et a été l’outil d’une politique extrêmement répressive visant à vider ces titres de leur sève. Il avait six mois pour le faire puisqu’en six ou sept mois nous avions perdu 60% à 70 % de nos recettes. Hamid Grine a fait un travail de sape. On écrira le moment voulu et avec témoignages le passage de ce monsieur au ministère de la communication», affirme l’invité de Radio M.
Selon Belhouchet, Grine se serait inspiré d’une campagne de répression menée au Maroc contre une grande presse. « Grine a mené sa mission avec un sang-froid déconcertant. Heureusement qu’il n’a pas réussi dans cette opération funeste», poursuit Belhouchet qui estime que l’Etat belliqueux revient à la charge et compte sévir contre la presse indépendante avec, en main, une loi de finances qui revoit à la baisse le marché publicitaire. Ce qui n’a pas été achevé par Hamid Grine le sera par le truchement de ce texte qui est dans l’antichambre de l’hémicycle.
« Nous sommes face à une asphyxie graduelle et totale des médias libres. Cette disposition réglementaire nuit à l’image même de l’Etat », a-t-il soutenu. « Il y est, en effet, stipulé que les entreprises n’ont pas le droit de dépasser 2% de leur chiffre d’affaires global en investissement publicitaire, alors que dans le monde des entreprises consacrent 12 à 13 % de leur chiffre d’affaires en publicité. Notamment celles soucieuses de vendre leur image au public, à l’instar des opérateurs de téléphonie mobile. Cette question, la crise économique aidant, ne peut qu’interpeller la presse nationale qui doit se mobiliser pour barrer la route à cette disposition qui risque de franchir le seuil du parlement», alerte Belhouchet.
« Il n’y a pas une réelle volonté politique des pouvoirs publics d’aider le secteur des médias en général, nous sommes l’un des rares pays au monde où l’on n’aide pas les médias. Le secteur de la presse est le plus lourdement fiscalisé ; la TVA sur la vente du journal est de 9% alors qu’elle l’est universellement à taux réduit (1%)», explique-t-il en revenant sur le fameux et actuel projet de loi.
« La publicité passe de 17% à 19%, alors que les éditeurs versent 1% de la publicité au développement du cinéma alors que la presse est aujourd’hui un secteur sinistré. La publicité internationale que l’on reçoit est, quant à elle, frappée du faramineux taux de 29%. Il n’y a pas de volonté d’aider les journalistes qui sont considérés comme des adversaires alors qu’ils ne font que leur travail. Le droit à l’information est constitutionnel et le citoyen a le droit de savoir. La liberté de la presse sert d’abord les citoyens. Avec toutes ces restrictions financières, le journalisme de qualité tend à disparaitre. Nous sommes réduits à compter nos sous. Il faut lever le système d’exception qui frappe la presse».
Rebondissant sur la question du nouveau siège d’El Watan à Alger, Belhouchet soutient que ce bâtiment est le fruit de trente ans de travail. Selon lui, le blocage de la construction du siège est une forme de punition contre El Watan et ses journalistes.
« Ce magnifique siège est l’aboutissement de trente ans de travail et a été construit par des entreprises algériennes. Un siège où, nous avons mis toutes nos économies, soit 120 milliards de centimes et tout est payé. Pourquoi le blocage ? » S’interroge Belhouchet qui annonce : « nous travaillons à opérer la transition numérique dans l’espoir de l’instauration rapide du paiement électronique».
https://soundcloud.com/radiom-la-radio-libre/lentretien-avec-omar-belhouchet