Le ministre de l’Industrie et des Mines vient de déclarer le 08 février 2018 que les réserves d’or détenues par l’Algérie sont de 173 tonnes, identiques à 2009, mais avec une baisse de la production de l’ENOR, en 2017, de plus de 800 kg par rapport à 2008/2010.
Dans plusieurs contributions sur ce sujet entre en 2009/2017 largement diffusée au niveau national et international (arabe- anglais- français- 2009/2017) en fonction des fluctuations du cours de l’once d’or à la baisse je l’avais estimé à 9 milliards de dollars fin 2008 et entre six et sept milliards de dollars entre 2015/2017 selon les fluctuations de l’once d’or.
1.- Selon le rapport annuel du Conseil mondial de l’or (CMO), la demande annuelle d’or s’est élevée à 4 071,7 tonnes en 2017, en baisse de 7% par rapport à 2016. Selon le rapport (2016) du CMO, les réserves totales des 100 pays étaient estimées à 32.813 tonnes. Selon cheatssheet.com business, les dix pays qui possèdent les réserves les plus importantes d’or par ordre décroissant sont les suivants : l’Inde détient officiellement 557,7 tonnes d’or ce qui représente 6,7 % de ses réserve. Les Pays-Bas possèdent 612,5 tonnes d’or ce qui représente 55,2 % de ses réserves. Le Japon fasse possède 765,2 tonnes d’or ce qui représente 2,4 % de ses réserves. La Suisse possède 1040 tonnes d’or ce qui représente 7,7 % de ses réserves. La Chine possède 1054,1 tonnes ce qui représente seulement 1 % de ses réserves. Mais le secret étant bien gardé, selon ce site, d’autres sources avancent entre 2000 à 3000 tonnes d’or. La Russie possède 1 208, 2 tonnes d’or ce qui représente 12,2 % de ses réserves. La France possède 2 435,4 tonnes d’or ce qui représente 65,6 % de ses réserves. L’Italie pays possède toujours 2 451 tonnes d’or ce qui représente 66,6 % de ses réserves. . L’Allemagne possède 3 384,2 tonnes d’or ce qui représente 67,8 % de ses réserves et enfin les États-Unis ont supprimé le standard de l’or depuis 1971, mais possèdent près de 8 133,5 tonnes, ce qui représente 72,6 % de ses réserves. Ces données certainement pour des raisons de confidentialité diffèrent légèrement pour certains pays de ceux du CMO qui donne en 2017 pour les USA 8133, 46 tonnes , l’Allemagne 3373,64 tonnes, l’Italie 2451 ;84 tonnes, la France 2435,94 tonnes, la Chine 1842,56 tonnes, la Russie 1828,56 tonnes , la Suisse 1040 tonnes, le Japon 765,22 tonnes ,les Pays Bas 612,45 tonnes, l’Inde 557,79 tonnes, la Turquie 525,79 tonnes.
2.- . L’Algérie occupait le 25e rang mondial et 3e des pays arabes par ses réserves d’or estimées en 2016 à 173.6 tonnes, et selon le CMO le même stock qu’en 2009, après l’Arabie Saoudite (322.9 tonnes) et le Liban (286.8 tonnes). En Afrique, l’Algérie arrive en première place devant l’Afrique du Sud (29e), la Libye (31e), le Maroc (59e) et la Tunisie (77e). Or, dans plusieurs contributions parues en 2009 et 2016 (voir www.google.com) suite des différents rapports du CMO (2009/2016), je notais que l’Algérie déjà en 2009, était classée à la 22ème place mondiale, avec le même volume de 173,6 tonnes d’or. Pour déterminer la valeur intrinsèque du lingot de 1 kilogramme d’or, il faut multiplier le prix de l’once d’or par 32,15, puis appliquer le taux de change euro/dollar. La dépréciation la valeur monétaire reconvertie en dollars de l’or entre 2009/2017 a également fait perdre plus de 2,5 milliards de dollars de sa valeur monétaire au stock algérien d’or, que j’avais estimée, en 2009 , à 9,75 milliards de dollars. Le 08 février 2018 l’once d’or est coté à 1, 314,10, dollars, Si on estime la valeur moyenne à environ 6 milliards de dollars cela représente 6,25% des réserves de change fin 2017 clôturées entre 96/97 milliards de dollars. -Où est la production additionnelle de la mine d’or d’Amesmessa ? Face à ces données récentes l’opinion algérienne a besoin d’être éclairée, sur la situation du stock de réserves algériennes d’or, qui n’a pas bougé depuis 2009, alors que l’Algérie s’est lancée dans l’exploitation d’un gisement d’or à Amessmessa devant éviter de mauvaises interprétations. La société productrice d’or est une entreprise qui peut soit vendre à la Banque d’Algérie pour accroitre son stock d’or, soit l’exporter ou la vendre directement aux bijoutiers. Il semblerait que la première option ait été écartée puisque le stock d’or est resté inchangé depuis 2009.
3.-Rappelons que le 30 janvier 2010 dans une déclaration à l’APS le directeur général de l’entreprise d’exploitation des mines d’or (ENOR) avait déclaré officiellement je le cite : « le gisement d’Amessmessa, situé à 460 km à l’Ouest de Tamanrasset, va bénéficier d’un plan de développement avec pour objectif de hausser graduellement sa production aurifère à trois tonnes d’or annuellement. Le partenariat avec la société australienne Gold Mining Algeria (GMA), ayant quitté l’Algérie , n’a pas été concluant devant produire selon le contrat entre 3000 et 4000 kg par an ; je cite la déclaration à Londres en janvier 2007 du PDG de GMA : « les mines de Tirek et d’Amesmessa peuvent produire environ 28,5 grammes d’or de chaque tonne de terre et de roche ». Or, pour cette période, s’agissant des exportations de l’entreprise entre 2009/2010, elles ont été de l’ordre de 848,49 kg d’or, tandis que le marché local a consommé seulement 208,78 kg d’or». Aujourd’hui en février 2018 selon le Ministre de l’Industrie et des Mines, l’Entreprise d’exploitation des mines d’or « ENOR » (filiale du groupe Sonatrach) devrait connaitre en 2018, une production aurifère qui devrait atteindre 286 kg, contre 137 kg en 2016, soit une importante régression de plus de 800 kg ‘ente la consommation intérieure et les exportations 2009/2010, ce qui explique le déficit structurel de cette entreprise qui selon le Ministre de l’Industrie aurait été de 1,4 milliards de dinars en 2016, 600 millions de dinars en 2017 avec une prévision de 400 millions de dinars fin 2018.Récemment toujours selon le Ministre, le gouvernement avait décidé d’effacer 2 milliards de dinars de dettes en faveur de l’ENOR et de lui affecter un crédit d’investissement à long terme d’une valeur de 3 milliards de dinars malgré que les charges salariales dépassent de loin les recettes.
4.-Cependant, il faut éviter toute mauvaise interprétation et préciser que le stock d’or ou les devises d’une manière générale ne créent pas de richesses, étant un moyen d’échange. Autrefois, les tribus d’Australie utilisaient les barres de sel du fait de sa rareté comme moyen d’échange. Au contraire la thésaurisation et la spéculation dans les valeurs refuges comme l’or, certaines devises ou certaines matières premières est nocive à toute économie. Avoir des réserves de change en devises ou en or est ne traduit pas forcément la richesse d’une Nation. Il existe des pays ayant peu ou pas de réserves de change détenues par les banques centrales mais connaissant un important développement, le capital argent ayant été transformé en capital productif. C’est une condition nécessaire mais pas suffisante pour sécuriser l’investissement et surtout pour des pays rentiers éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar par rapport aux devises où existe une corrélation d’environ 70% entre la valeur actuelle du dinar, et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures. Avec des réserves de change de 20 milliards de dollars, le dinar algérien officiel flotterait à plus de 200 dinars un euro et 250/300 dinars un euro sur le marché informel. C’est loin donc d’être une condition suffisante d’un développement durable et surtout provenant d’une rente éphémère, les hydrocarbures. Le problème central pour l’Algérie est de transformer cette richesse virtuelle en richesse réelle passant par un développement hors hydrocarbures se fondant sur l’entreprise et le savoir, le tout conditionné par une nouvelle gouvernance.
[email protected] Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane MEBTOUL