Algérie: L’ère des réformes tire-t-elle à sa fin? - Maghreb Emergent

Algérie: L’ère des réformes tire-t-elle à sa fin?

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L’augmentation significative des prix du pétrole  et le durcissement de certains mouvements sociaux favorisent une reprise autoritaire, à une remise en cause de la rigueur budgétaire et l’arrêt du train « des réformes structurelles recommandées par le Président ».

Après avoir longtemps défendu la rigueur budgétaire qui devait s’accompagner de réformes profondes du système économique, le Gouvernement algérien vient de mettre sur la table un projet de loi de finances complémentaire pour offrir une rallonge budgétaires à certains secteurs, notamment les ministères de la Défense,  de la Jeunesse et des Sports, de la Santé, les Affaires étrangères, l’Éducation nationale.

Cette décision de recourir à une LFC intervient dans une conjoncture simultanément marquée, au plan national, par des grèves et des mouvements sociaux de grande envergure  et, au plan international, par l’augmentation significative des prix du pétrole qui, tout au long du mois derniers, a tourné autour des 74 dollars. Cette conjoncture est on ne peut plus favorable à une remise en cause de la rigueur budgétaire « vendue » aux Algériens à travers des discours teintés de mises en garde quant à l’arrêt du train des réformes structurelles recommandées par le président et, partant, une reprise autoritaire. Serait-ce le cas ? Il est trop tôt pour l’affirmer. Toutefois, au moment où l’opinion publique s’attendait à une flexibilisation des rapports entre la société civile, tous segments confondus, avec le pouvoir qui serait dans une logique d’élargissement de sa base sociale, rien n’arrive. Pire, depuis la promulgation de la loi de finances 21018, aucune décision économique importante n’a été prise en dehors de celle, jugée fort préjudiciable par nombre d’experts, du recours au financement monétaire.

Se dirige-t-on vers la suspension de toute réforme envisagée et envisageable à court terme ? Une démarche de ce genre a été décriée par nombre d’experts, y compris des membres du CNES (Conseil national économique et social), à l’image de Mustapha Mekidèche qi a recommandé de poursuivre les réformes malgré le rafraichissement des caisses de l’Etat. Mais dans les rouages de l’Etat, il y aussi des voix qui portent un optimisme démesuré qui pronostique « une reprise durable des prix du pétrole à moyen et même à long terme », optimisme dont l’unique vertu est de convaincre le Gouvernement de renoncer à toute idée de réforme structurelle de l’économie.

Bien entendu, pour rassurer l’opinion quant à un tel scenario, une taxe douanière supplémentaire provisoire sur les importations des marchandises finies a été introduite dans la loi de finances complémentaire en question afin, dit-on, de renforcer les mesures de protection de la production nationale et réduire la charge des importations sur la balance commerciale.Il a également été annoncé dans ce sens que les intrants de la production seront bientôt radiés de la liste des marchandises interdites provisoirement à l’importation. Mais, il reste vrai qu’aucune décision à même de marquer une rupture radicale avec le système rentier n’a été prise jusque-là, ce qui laisse entendre que toutes les occasions sont bonnes pour étouffer les volontés de réforme et se laisser tenter par une reprise autoritaire. Et LFC 2018  en est une belle.

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