Algérie: L’indemnisation par compensation des sinistrés des feux de forêt n’est ni juste ni équitable (Opinion) - Maghreb Emergent

Algérie: L’indemnisation par compensation des sinistrés des feux de forêt n’est ni juste ni équitable (Opinion)

Facebook
Twitter

 

Comment indemniser ceux qui ont perdu leurs biens dans les derniers incendies? L’idée d’une indemnisation par compensation et non pas numéraire ne plait pas à l’expert agronome Aissa Manseur. Il dit pourquoi.

 

 ‘’ Celui qui a perdu une chèvre on lui donnera une chèvre, celui qui perdu une brebis on lui donnera une brebis et celui qui a perdu des oliviers on va lui replanter des oliviers, nos services prendra tout en charge  …’’

 Tels sont les propos d’un responsable des services des forets en guise d’indication aux sinistrés des derniers feux de foret  que l’indemnisation se fera par compensation et non pas en numéraire !

 Peu de temps après cette déclaration choquante et provocante pour ceux qui ont vécu le calvaire, le directeur général des forets et dans une conférence de presse a  confirmé  la mesure en donnant  plus de précisions sur cette forme d’indemnisation

Il est a signaler que le Ministre de l’intérieur des collectivités locales et de l’aménagement du territoire en visite à la Wilaya de Tizi Ouzou juste après le déclenchement des premiers feux de foret a tenu un discours réconfortant et rassurant envers la population sinistrée et les a rassuré quand a la prise en charge de leur indemnisation par l’Etat et dans les plus bref délais, ces indemnités seront pris en charge par le Fonds des catastrophes naturelles et la Caisse de solidarité des collectivités locales

A partir  d’El-Tarf le Ministre a également annoncé que  l’indemnisation  ne pourra se faire qu’après avoir procédé à des investigations par les services concernés  afin que les indemnités ne soient versées qu’aux véritables victimes, donc le Ministre de l’intérieur parlait de versement et pas de compensation

En visite à la Wilaya de Jijel, région très affectée par les feux de foret, le Ministre de l’Agriculture du développement rural et de la pèche a assuré que ‘’  sur la base des résultats des investigations et des enquêtes menées par les différentes instances concernées, les victimes qui auront droit à l’indemnisation seront dédommagées’’ la  également le Ministre n’a pas soufflé mot sur la compensation dont nous font découvrir les services des forets.

 

L’indemnisation par compensation est elle équitable socialement, correcte économiquement  et  réalisable techniquement ?

 

Si le remplacement des différents cheptels (ovin, avicole, apicole,…) parait en quelque sorte faisable même si la transaction d’achat et de distribution de ces bêtes ne doit absolument  pas être du ressort d’un organisme dont les missions  sont beaucoup plus importantes , que dira-t-on ont alors des oliviers et des arbres fruitiers ?

Comment peut on compenser des arbres séculaires, qui ont nourri des générations passées et nourriront encore des générations à venir,  par de nouvelles plantations qui ne rentreront en pleine production qu’après dix longues années ? Que fera cet agriculteur qui ne vit que de ces oliviers ? il croisera les bras pendant dix ans en attendant de triturer les premiers fruits de ces nouvelles plantations ?

 Il n’est un secret pour personne que l’olivier, dans diverses régions du pays à l’instar de la Kabylie est considéré comme un patrimoine  qui fait parti du leur décor immuable et c’est de l’olivier que dépend presque toutes les recette financières qui constituent leurs budgets annuels assurant le ‘’fonctionnement’’ de leurs foyers.

 Il en est de même pour les arbres fruitiers, compenser les vergers productifs ravagés par les feux par les seules nouvelles plantations ne constitue pas un dédommagement équitable, un arbre qui produit ne pourra jamais être indemnisé de la sorte.

Ceux qui préconisent cette forme de dédommagement ont-ils une idée des moyens a leur portée pour réaliser ces opérations dans les délais projetés ?

La plantation d’olivier et d’arbres fruitiers ne pourra se faire à la longueur de l’année pour des raisons techniques propres aux différentes espèces arboricoles, une telle opération qui se réalisera sur d’importantes surfaces et de surcroit dans des zones montagneuses prendra beaucoup plus de temps que l’on prévoit, c’est presque une mission impossible !

Les divergences des propos tenus par les différents responsables quand à l’indemnisation des sinistres des feux de foret nous laissent croire que l’opération ne se déroulera pas dans les meilleures conditions, avec l’extinction de la dernière flamme on se rétrécit petit à petit et on se désengage au fur et à mesure et les sinistrés auront toutes les peines du monde pour se voir régler, l’indemnisation par compensation si jamais elle sera enclenchée durera autant que l’opération de relogement des sinistres du séisme de Boumerdes !Une meilleure gestion des finances publiques ne pourra jamais être assurée par une mesure pareille

 

(*)Expert agronome

 

 

Facebook
Twitter