Le fonctionnement du Front des forces socialistes (FFS), connait depuis quelques mois, des changements importants voire historiques qui pourraient avoir des incidences pas uniquement sur la vie interne du parti mais, sur l’ensemble de la classe politique nationale.
La reconfiguration mise en marche par l’Instance présidentielle vise en premier lieu à neutraliser le pouvoir parallèle et redonner aux institutions du parti leur rôle statutaire.
La démission d’Ali Laskri de l’Instance présidentielle le 11 février dernier, a constitué le début de la fin ce qui est appelé dans les annales du FFS le « cabinet noir ». La décision de Laskri de provoquer par sa démission un congrès extraordinaire a donné un coup dur au cabinet noir qui jouissait, rappelons-le, de pouvoirs illimités depuis la fin des années 1990.
Aucune décision au sein du FFS ne se prenait sans l’aval de Karim Baloul et Aziz Baloul, qui constituaient le cabinet noir. Aucun militant ne pourrait grimper dans les échelons sans le coup de pouce de ces deux personnes qui faisaient la pluie et le beaux temps, comme témoignent l’ensemble des anciens cadres du FFS. Profitant d’une proximité familiale avec le fondateur du parti le défunt Hocine Ait Ahmed, Karim et Aziz écartaient systématiquement les cadres qui affichaient une résistance à leur influence.
Le congrès de la dernière chance
Le congrès extraordinaire du FFS tenu le 20 avril dernier à Alger, a marqué la première défaite du cabinet noir. Les partisans du ce dernier avaient voulu à tout prix éviter d’aller vers cette échéance, mais la détermination de la majorité des membres du Conseil national de la plus vieille formation politique de l’opposition a décidé autrement. En se rendant au congrès, les partisans du cabinet noir, avaient tenté de modifier l’ordre jour de sorte à limiter l’élection aux deux postes vacants à l’instance présidentielle au lieu d’ouvrir les candidatures à tous les congressistes. Une formule qui permettra à Aziz Baloul de préserver son poste de membre de cet organe. Pour se donner une légitimité, ils ont fait appel à Jugurta Ait Ahmed fils de Hocine Ait Ahmed qui n’a pas hésité à envoyer un message aux congressistes leur demandent de préserver la collégialité. Un appel qui n’a pas trouvé d’oreilles attentives puisque la majorité a opté pour l’ouverture des candidatures. Effectivement, Ali Laskri et Mohand Amokrane Chérifi ont présenté une liste qui ne contient pas Aziz Baloul. Cette dernière a fini par gagner les élections.
Isolement des éléments proches du cabinet noir
Fraichement élue, l’instance présidentielle a tracé un programme d’« attaque » qui consiste à isoler les éléments les plus fideles au cabinet noir et à réhabiliter les cadres et les militants marginalisés par ce dernier. En effet, plusieurs noms ont sauté dans la nouvelle composante du secrétariat national du parti. Il s’agit entre autre du chef du groupe parlementaire du parti Chafaâ Bouaiche, des présidents des APW de Bejaia et Tizi Ouzou et de Madjid Raoua. La purge s’est vite étendue au comité d’éthique politique présidé par Karim Baloul. Celui-ci a été demi de ses fonctions le 15 mai dernier et replacé par le sénateur de la wilaya de Bejaia Mohamed Bettache. Désormais, aucun des deux personnages clés du cabinet noir n’occupe un poste de responsabilité au FFS. Ils sont écartés de l’Instance présidentielle, du Comité d’éthique politique et du secrétariat national. Ils préservent seulement la présidence du groupe parlementaire, mais la récupération de cet organe est une question du temps pour l’Instance présidentielle. Selon non sources, le président actuel du groupe Chafaâ Bouaiche sera remplacé par un autre député le mois de septembre prochain.
Le 6è congrès ouvrira une nouvelle ère
Le 6è congrès du parti qui devrait se tenir le premier trimestre de l’année prochaine, sera porteur de tous les espoirs. D’après les informations disponibles, la participation à ce rendez-vous organiques sera ouvert à tous les militants et cadres du parti marginalisés et poussés à la porte dans le passé. Il serait un congrès de regroupement des forces de la famille du FFS. Les premiers indices de ce changement sont déjà là. Il s’agit essentiellement de la réintégration des anciennes figures du FFS dont Dalila Taleb, Ahmed Djedai et Bouaiche Ikhlef dans les organes du parti.