La Coordination pour les libertés et la transition démocratique, coalition de partis et personnalités de l’opposition, refuse l’agenda politique du président Abdelaziz Bouteflika. Pour elle, cette démarche est une « méthode usée, utilisée par le pouvoir pour s’approprier les propositions de l’opposition et les vider de leur substance ».
Le fossé se creuse entre le président Abdelaziz Bouteflika et l’opposition. Alors que la formation d’un gouvernement était attendue dans la journée, les partis et personnalités qui s’étaient mobilisé pour le boycott de la présidentielle et sont regroupés à présent au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, ont réitéré leur refus de cautionner l’élaboration d’une nouvelle Constitution. A l’issue d’une rencontre au siège du Front pour la Justice et le Développement », dirigé par l’islamiste Abdellah Djaballah, ils ont « renouvelé leur refus de participer à la démarche » devant aboutir à l’adoption « de ce qui est appelé une Constitution consensuelle ». Pour eux, il s’agit d’une « méthode usée, utilisée par le pouvoir pour s’approprier les propositions de l’opposition et les vider de leur substance ».
M. Amar Saadani, secrétaire général du FLN et l’un des hommes chargés de la campagne du président Bouteflika, a déclaré, au lendemain de la présidentielle du 17 avril dernier, que l’un des grands chantiers de l’année 2014 serait l’adoption d’une nouvelle Constitution. M. Ahmed Ouyahia a été chargé de mener les consultations. Une démarche similaire, lancée en 2011 et confiée à M. Abdelkader Bensalah, président du Sénat, avait été abandonnée.
Deux blocs
Le refus de l’opposition de suivre M. Bouteflika dans cette démarche intervient après le refus d’au moins deux partis d’entrer dans le gouvernement que M. Abdelmalek Sellal a été chargé de former le jour même de la prestation de serment de M. Bouteflika, le 28 avril 2014.
Le FFS a révélé avoir décliné l’offre d’entrer au gouvernement avec deux ministres, précisant qu’il avait d’autres priorités et un agenda politique totalement différent. Peu après, le Parti des Travailleurs de Mme Louisa Hanoune a annoncé à son tour son refus d’entrer au gouvernement. Mme Hanoune avait été candidate à l’élection présidentielle durant laquelle elle avait fait campagne essentiellement contre M. Ali Benflis. Elle avait obtenu moins de 2% des voix. Le FFS avait boycotté la présidentielle, quant à lui.
Ces divergences confirment que l’Algérie s’oriente vers une cassure politique qui consacre l’existence de deux grands blocs politiques. Le premier, proche du pouvoir, est mené par le FLN, le RND et la clientèle traditionnelle du régime; le second comprend des partis islamistes, laïcs et des personnalités qui tentent de préparer le terrain à une transition pacifique.
Le RCD (laïc), le Parti de la Société de la Paix dirigé par Abderrezak Mokri, Jil Djadid de Sofiance Djillali, Ennahdha de Mohamed Dhouibi, ainsi que l’ancien Premier ministre Ahmed Benbitour, font notamment partie de cette coalition de l’opposition.