En dépit des assurances du ministère de l’Agriculture, l’épidémie de la fièvre aphteuse progresse en Algérie : 18 wilayas (départements) sur 48 sont actuellement touchées selon le ministère de l’Agriculture. Suffisant pour susciter l’inquiétude du syndicat des vétérinaires fonctionnaires, qui accusent les pouvoirs publics de graves négligences.
Karim Boughalem, directeur des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture, a confirmé samedi, lors d’une conférence de presse, que l’épidémie de la fièvre aphteuse a progressé depuis le 1er cas enregistré le 27 juillet dernier pour toucher actuellement 18 wilayas. Globalement et jusqu’à hier, 192 foyers contaminés ont été enregistrés sur un total national de 200.000 exploitations ; 964 vaches et taurillons infectés ont été abattus.
L’Algérie compterait un cheptel bovin, notamment les vaches laitières, estimé à deux millions de têtes. L’inquiétude des éleveurs est entière, d’autant que des informations font maintenant état de foyers d’ovins touchés par la fièvre aphteuse. Toutefois, cette information n’a pas été pour le moment confirmée par le ministère de l’Agriculture.
Pour rappel, le premier foyer a été enregistré dans la wilaya de Sétif le 27 juillet dernier à la suite de l’importation frauduleuse, selon des vétérinaires, de bovins contaminés à partir de la Tunisie.
De graves défaillances selon le syndicat des vétérinaires fonctionnaires
Saïda Akali, la secrétaire générale du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires pointe du doigt les graves défaillances du ministère de l’Agriculture et des pouvoirs publics qui, selon elle, ont permis à la maladie de se propager. »Les pouvoirs publics auraient pu nous éviter cette catastrophe s’ils avaient pris plus de précaution lorsque des foyers de cette maladie ont été signalés en Tunisie », a-t-elle expliqué estimé dans un entretien publié dimanche par le quotidien algérien francophone El Watan. Et d’ajouter que »le ministère était en état d’alerte et (avait) même lancé une campagne de vaccination » au mois de mai dernier mais qu’il a »levé l’instruction en juin dernier, ce qu’il n’aurait pas dû faire ».
Saïda Akali a également critiqué, dans cet entretien, la non-implication directe des services de sécurité dans l’application des mesures de précaution prises par le ministère, notamment en ne surveillant pas les convoyages d’animaux vers des marchés à bestiaux encore ouverts, dont celui de Boudouaou (wilaya de Boumerdès).