Les violences que vit la vallée du M’zab depuis des mois, n’a pas épargné les cimetières et mausolées, en particulier de la communauté Mozabite, qui font l’objet d’actes récurrents de vandalisme.
La profanation durant le mois de décembre 2013 de tombes mozabites et la destruction de mausolées millénaires, notamment au cimetière de Cheikh Ammi Saïd dans le quartier Ahbass Ouchour, ont suscité l’indignation des mozabites qui déplorent le peu d’égard affiché même envers leurs morts. Selon plusieurs habitants mozabites que nous avons rencontrés à Ghardaia, la profanation des cimetières qui revêtent une symbolique est très forte au sein de la communauté, « est une ligne rouge » que les « assaillants » ont allègrement franchie. « Malgré cela, nous nous sommes contentés de protéger nos cimetières face aux attaques d’éléments extrémistes de la communauté arabe de Hadj Messaoud qui ont bénéficié de la complicité de certains agents de police ». Selon notre interlocuteur, «plusieurs tombes de nos aïeux et des mausolées qui datent de plusieurs millénaires ont été détruits».
Le gardien du cimetière témoigne que son frère a échappé à une mort certaine lorsque les groupuscules se sont introduits dans leur modeste demeure mitoyenne du cimetière.
« L’Etat est absent ! »
« Qui est derrière ces événements. Qui cherche le pourrissement ? », s’interroge impuissant, Omar Ahrez, un notable de Béni Isguen. Il nous montre les scènes de saccages commises par des groupuscules au quartier de Theniet el Mekhzen, y compris le siège de la garde communale, aujourd’hui occupée par les gendarmes. Le déploiement de ces derniers a d’ailleurs permis de ramener un peu de calme dans le quartier, bien que l’inquiétude demeure encore. Les assaillants de la communauté arabe, d’après les témoignages, voulaient s’en prendre au siège des PTT du quartier, n’était-ce l’intervention énergique des jeunes de Béni Isguen. Non loin de là, au quartier Oudjoudjen, les mêmes scènes de pillage et de maisons brûlées sont encore visibles. »La communauté mozabite est contre le saccage des biens publics, nous n’avons pas cette culture du vandalisme. Pour le moment, nous ne faisons que nous défendre », dit-il. Il dénonce ce qu’il appelle la « laxisme » et la « passivité » de l’Etat face à ces comportements. « L’Etat est absent. Si les autorités étaient intervenues dès la première étincelle, elles auraient évité le brasier », s’insurge notre interlocuteur.