Dans le cadre de cette règle, l’Etat algérien interdit aux investisseurs étrangers d’investir leur argent et leur impose le sien. « C’est du jamais vu ».
Dans les partenariats faits conformément à la règle 51/49, le partenaire étranger participe à hauteur de 49% uniquement dans le capital, l’investissement étant couvert à 100% par des capitaux algériens puisque la loi dit que ce sont les banques algériennes qui doivent financer tous les projets. Aujourd’hui, bien que le Gouvernement soit dans un stress budgétaire énorme, il continue à tourner le dos aux capitaux étrangers en se cramponnant à cette réglementation.
Pourquoi ne pas exiger un partenariat même dans l’investissement? Pourquoi les capitaux étrangers n’intéressent pas l’Algérie ? « Théoriquement, la raison invoquée est que les apports en capitaux sont une sorte d’endettement extérieur envers des parties privées étrangères, et que l’Algérie refuse de s’endetter pour quelque motif que ce soit, » explique Ferhat Ait Ali, expert financier. Toutefois, ajoute-t-il, « dans la réalité, les responsables algériens savent que personne n’apportera le moindre sous dans une association imposée avec des parties choisies par l’administration algérienne et les sphères dirigeantes, selon des critères qui sont tout sauf économiques ».
En effet, selon Ferhat Ait Ali, « le Gouvernement a pondu un article de la LFC 2009, qui non seulement autorise l’association avec des partenaires étrangers sans que ceux-ci n’apportent le moindre sou, mais impose même cette formule bizarre ».
« Il n’y a aucun pays au monde qui interdit au investisseurs étrangers d’investir leur argent et leur impose le sien. C’est du jamais vu », explique-t-il : « Nous avons tendance à faire des lectures savantes et poussées dans tous les errements de notre gouvernance, histoire de se prouver qu’on est assez perspicace pour lire entre les lignes, alors qu’un lecture prosaïque et logique des mesures en question permet de conclure que leur finalité n’est pas plus catholique que leur déclinaison juridique. En Algérie et dans tous les dossiers que j’ai eu à étudier de près, chaque mesure sans explication logique trouve son explication dans des agissements sans fondement moral, soit des combines à la chaine et des faillites à répétition. »
Les dessous de la règle 51/49 laissent entendre que, contrairement à ce qui se dit et aux antipodes des vertus protectionnistes qu’on lui prête, favorise entièrement les partenaires étrangers qui se trouvent associés dans des projets sans le moindre sou et en tirent des bénéfices d’investissements auxquels ils n’ont pris part que théoriquement. « Je l’ai dit et je le répète sur tout les toits, la règle 51/49 a été édictée pour coopter des complices et pas des investisseurs, et l’avenir révélera tout, mais probablement trop tard pour remédier aux dégâts », tranche sans nuance Ferhat Ait Ali.