« Au moindre éternuement de l’or noir, la monnaie nationale pourrait se gripper immédiatement », indique l’économiste Brahim Guendouzi.
Le dinar garde la tête hors de l’eau en dépit d’un environnement difficile, c’est ce qu’estiment les analystes de la scène financière. Le dinar qui n’a pas connu de dévaluation depuis au moins six mois se maintient, au cours officiel, cela s’entend, à un niveau qui n’est pas le sien.
C’est ce qu’explique l’économiste et analyste financier Ferhat Ait Ali qui précise que des mesures administratives plus que celles purement économiques participent présentement à cette stabilité que d’aucuns qualifieraient de précaire.
En effet, et selon le même intervenant, une dévaluation massive du dinar serait difficilement évitable face à l’inflation galopante et à la masse monétaire en circulation, avec en sous bassement un tassement des réserves de change. Le dinar continue donc, selon notre interlocuteur, à jouer à l’équilibriste sur le cours officiel, sachant que le cours parallèle ne saurait constituer une référence en la matière. Surtout que la fluctuation de la devise sur ce marché parallèle obéit à des « mécanismes délinquants », poursuit M Ait Ali.
La valeur nominale du dinar est évaluée par la Banque d’Algérie en fonction de la fluctuation des deux monnaies fortes que sont l’euro et le dollar sur le marché international. « Une valeur conjoncturelle en somme, sachant que le gros des exportations algériennes se fait en dollar alors que celui des importations se fait en euro », rappelle pour sa part M Brahim Guendouzi, économiste et consultant. Selon lui, le dinar s’accroche au baril de pétrole, dont le prix intervient inéluctablement dans le modèle de calcul du taux de change. Tant que le prix du baril est encore élevé ou se situe à des seuils tolérables le dinar peut encore être maintenu à flot.
« Sinon au moindre éternuement de l’or noir, la monnaie nationale pourrait se gripper immédiatement », ajoute M Guendouzi. Aussi, explique-t-il, que le taux de change effectif actuel est surévalué, surtout que des paramètres implacables comme l’inflation et le taux de productivité particulièrement bas participent à la vulnérabilité du dinar sur le front des échanges avec les parties commerciales et qui met à rude épreuve le pouvoir d’achat.
Selon le même intervenant, la Banque d’Algérie peut encore maintenir cette logique pour longtemps comme elle pourrait, avec le temps, faire baisser la valeur du dinar…Selon M Guendouzi, des éléments intrinsèques relatifs à législation algérienne comme le contrôle limité du change, participent à l’ankylose du dinar à l’instar de l’interdiction faite aux investisseurs de transférer des devises à l’étranger, au moment où les importations sont payées rubis sur ongle en devises. Jusqu’à quand le dinar pourra-t-il encore rester en surface avant d’effectuer le grand plongeon vers les abysses ? C’est l’interrogation que suggèrent les deux économistes qui expliquent que cette même monnaie est maintenue artificiellement en vie et qu’une nouvelle baise de sa valeur n’est pas à exclure.
Il fallait 79,82 dinars pour 1 dollar, et 106, 9 dinars pour 1 euro, il y a quatre ans, selon les cotations de la Banque d’Algérie. Jusqu’à récemment cette parité était de 118,14 dinars algérien pour 1 dollar alors que l’euro s’échangeait contre 137, 07 dinars. Aussi apparaît-il qu’en quatre ans le dinar a vu sa valeur fondre de 48%.