Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture datant de 2012, plus de 150 000 hectares de terres ont été détournés de leur vocation agricole depuis l’indépendance.
L’urbanisation avale les terres agricoles à une vitesse vertigineuse. Ce ne sont pas d’obscures spécialistes qui le disent mais le premier responsable du secteur agricole du pays. Ce dernier a émis récemment une circulaire mettant en garde contre le détournement d’une manière effrénée des terres agricoles à des fins d’urbanisation et d’industrialisation.
« Les bilans établis dans le cadre des opérations de déclassement des terres agricoles révèlent, d’une manière claire, une consommation effrénée et sans précèdent des terres agricoles à des fins d’urbanisation et d’industrialisation », peut-on lire dans la circulaire signée le 3 septembre par le ministre de l’Agriculture et du développement rural, M. Abdelwahab Nouri, a annoncé l’Agence de presse algérienne (APS).
La circulaire susdite avertit sur les risques que pourraient entraîner une telle situation. Si cette tendance venait à être maintenue, elle mettrait en péril la sécurité alimentaire du pays. Une situation qui pourrait, « inévitablement porter préjudice aux efforts déployés » par les autorités dans le domaine de la sécurité alimentaire durable, notamment au regard de la faiblesse de la Surface agricole utile (SAU) qui ne représente que 3,5% de la superficie totale du pays.
Dans le même sillage, le texte du ministère de l’Agriculture déplore « des pratiques condamnables de détournement de la vocation agricole des terres » et une « violation des lois et règlements de la république en recourant par des solutions de facilité et une légèreté sans précédent à la distraction des terres agricoles, souvent parmi les plus fertiles voire même, irriguées ou plantées ».
De ce fait, toute saisie de terres agricoles à des fins d’urbanisation ou d’industrialisation « doit obéir à des règles strictes et ne doit s’opérer, à l’avenir, qu’avec l’aval des services centraux du ministère de l’Agriculture », note le texte.
Il serait utile de rappeler qu’une décision du gouvernement mise en œuvre depuis 2011, avait soumis l’affectation des terres agricoles au profit des projets de développement uniquement à la promulgation de décrets.
« La sauvegarde des terres agricoles doit être une priorité »
Le ministère de l’Agriculture rappelle aux autorités locales que la sauvegarde des terres agricoles doit être « une priorité », une mission qui nécessite l’adhésion de toutes les parties concernées, selon la circulaire.
En conséquence, ce nouveau texte règlementaire a appelé l’ensemble des autorités locales et, particulièrement, les directeurs des Services agricoles et les conservateurs des Forêts de wilaya, à l’effet « de prendre toutes les dispositions nécessaires, y compris le recours aux juridictions compétentes pour mettre un frein à cette situation qui nuit fortement à l’économie du pays ».
Cette circulaire a été adressée au secrétaire général de la Chambre nationale d’agriculture, au directeur général de l’Office national des terres agricoles, aux services agricoles et aux conservateurs des Forêts.
Ces responsables « sont appelés, par conséquent, à veiller constamment au respect des instruments et règles liés à l’utilisation rationnelle des terres agricoles pour éviter toute forme de gaspillage de cette ressource rare et non renouvelable », insiste le document.
Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture datant de 2012, plus de 150 000 hectares de terres ont été détournés de leur vocation agricole depuis l’indépendance.
Le département de Abdelwahab Nouri saura-t-il mettre fin à cette mise en péril ? La politique d' »industrialisation » du logement annoncée par le premier ministre il y a deux jours ne semble pas aller dans le même sens. Les politiques publiques de l’urbanisation se sont toujours faites au détriment de l’agriculture.