Le remboursement par anticipation est une « bonne affaire » pour le trésor public rendue possible par le recours à la planche à billet.
Les assureurs et les banques publiques ont souscrit des obligations de l’emprunt national pour la croissance économique (ENCE) en 2016. Elles projetaient de rembourser à la fin de la période des 3 ans et 5 ans. Ils vont perdre des revenus pré-comptabilisés.
Le trésor public algérien a fait savoir, selon une source dans le secteur interrogée par Maghreb Emergent, qu’il allait engager par anticipation le remboursement des obligations souscrites par les entreprises publiques sous tutelle du secteur des finances, les compagnies d’assurance publiques en premier, puis les banques publiques.
C’est le ministère de tutelle de ces entreprises qui a transmis l’information selon laquelle ces remboursements devaient survenir au 3e semestre de l’année en cours alors que les termes des trois années et des cinq années, durées officielles de l’emprunt, n’interviennent qu’en 2019 et 2021. Le remboursement par anticipation des obligations de un million de dinars, 50 000 dinars et 10 000 dinars n’est pas explicitement prévu dans la notice qui a précédé le lancement le 17 avril 2016, de l’emprunt national pour la croissance économique (ENCE). Le but à peine caché de cette opération – « un coup de force » selon l’expression d’un manager public – est de réduire ses frais financiers pour le trésor public.
Il ne sera pas obligé de poursuivre le versement des intérêts, jugés généreux par la place, de 5% (emprunt de 3 ans) et de 5,75% (emprunt 5 ans) sur une partie de la levée de fonds réalisée en 2016 au moment le plus aigu du déficit budgétaire ouvert par la chute des cours du brut à partir de l’été 2014. Sur les 568 milliards de dinars mobilisés entre avril et octobre 2016, plus de 200 milliards de dinars pourraient être le fruit de souscriptions d’entreprises sous tutelle du ministère des Finances selon les recoupements de Maghreb Emergent au moment de la clôture de l’opération.
Le remboursement par anticipation est une « bonne affaire » pour le trésor public rendue possible par le recours à la planche à billet à la fin de l’année 2017 avec le lancement du financement non conventionnel. Pour les compagnies publiques d’assurance et les banques publiques, il devrait, s’il était mené effectivement à son terme causé un préjudice financier sérieux.
Les bilans prévisionnels de ces entreprises avaient intégré dans la colonne des revenus les intérêts perçus sur la période au titre de la détention des obligations souveraines de l’ENCE. Elles auront dans ce cas à compter sans le peu de scrupules qu’a l’émetteur de l’emprunt avec les règlements et les engagements.
Samy Injar