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Algérie – Le taux de chômage de 12,3% n’inclut pas les sureffectifs des administrations et les emplois temporaires (contribution)

Par Yacine Temlali
août 14, 2017
Algérie – Le taux de chômage de 12,3% n’inclut pas les sureffectifs des administrations et les emplois temporaires (contribution)

L’Office national des statistiques (ONS) vient d’annoncer un taux de chômage de 12,3%. Ce chiffre est inquiétant mais il était prévisible. Les organismes chargés de l’investissement et de l’emploi agréent un maximum de projets avec des avantages divers. Il convient de se demander si ces projets concernent des segments porteurs de croissance durable ou s’assimilent plutôt à un replâtrage par la redistribution de la rente.

 

 

En avril 2017, selon l’ONS, la population au chômage a atteint 1,508 million de personnes, soit un taux de 12,3% au niveau national, en hausse de 1,8% par rapport à septembre 2016, avec un taux de chômage des jeunes de 16-24 ans de 29,7%. Quant à la population occupée (personnes ayant un emploi), elle était estimée à 10,769 millions de personnes, contre 10,845 millions en septembre 2016, enregistrant un solde négatif de 76.000 personnes par rapport à septembre 2016 où 6 chômeurs sur 10 en moyenne sont des chômeurs de longue durée (62,2% cherchent un poste d’emploi depuis une année ou plus). L’ensemble de la population active a atteint 12,277 millions de personnes, contre 12,117 millions en septembre 2016, avec un solde positif de 160.000 personnes, soit une hausse de 1,3% ; les femmes en représentaient 20,6% avec 2,524 millions.

L’examen de la répartition des chômeurs selon les études montre que 52,2% d’entre eux n’ont aucun diplôme. Le taux de chômage des diplômés de la formation professionnelle est passé à 14,8% entre septembre 2016 et avril 2017. Par contre, le taux de chômage des diplômés universitaires a légèrement reculé passant de 17,7% à 17,6% en avril 2017, en baisse de 0,1%.

La baisse du volume de l’emploi entre septembre 2016 et avril 2017 a touché le secteur du BTP avec un solde négatif de 91.000 personnes, ainsi que le commerce, les services et l’administration publique (un solde négatif de 84.000). En revanche, un solde positif a été enregistré pour le secteur de l’agriculture (63.000) et dans l’industrie (36.000) comparativement à septembre 2016. 

 

Faire le bilan des structures chargées de dynamiser l’emploi 

 

Sachant que le secteur industriel représente moins de 5% du produit intérieur brut (PIB), que sur ces 5% les PMI/PME, qui constituent plus de 95% du tissu productif algérien, sont en difficulté (bureaucratie, système financier sclérosé, système socio-éducatif non adapté, etc.) en plus de la concurrence de la sphère informelle, il convient de se demander si les jeunes promoteurs agréés par l’ANDI, l’ANSEJ et d’autres organismes chargés de la promotion de l’emploi, ont la qualification et, surtout, l’expérience nécessaire, pour manager les projets, à l’instar de ce qui se passe partout dans le monde, c’est-à-dire de diriger une entreprise dans un cadre concurrentiel afin d’avoir des prix-coûts compétitifs. Le risque n’est-il pas d’assister à un gaspillage des ressources financières de la rente des hydrocarbures et à terme au recours au Trésor à l’instar de l’assainissement des entreprises publiques ?

Comment ne pas rappeler ici également que selon les données officielles, pour ce qui est de la répartition des projets par secteurs, ANSEJ notamment, c’est celui des transports qui a attiré le plus d’investissements suivi de près par le secteur du BTP, et de loin (moins 15-20%) par le secteur de l’industrie ?

D’une manière générale, les résultats des organismes chargés de l’emploi (ANDI, ANSEJ, CNAC), en référence aux projets réalisés et non en intention, sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés. Comme selon certaines sources, plus de 50% des projets réalisés sont abandonnés après avoir bénéficié des avantages accordés et les nombreux litiges auprès des banques de non remboursement l’attestent.

Or, avant de lancer dans une opération coûteuse à terme pour le pays, il faut répondre à certaines questions d’une manière précise et quantifiée : quel est le bilan de l’ANDI- CNAC-ANSEJ, depuis leur existence, dans la réalisation effective de ces projets ? Quel est le temps imparti pour les projets réalisés entre le moment du dépôt et la réalisation effective, le principal défi étant la maîtrise du temps ? Pour les projets réalisés, combien ont-ils fait faillite selon les règles du code de commerce ? Quelle est la part en devises et en dinars des projets réalisés ? Quel est le niveau d’endettement bancaire des projets réalisés avec le montant des créances douteuses ? Quel est le montant exact des avantages fiscaux accordés tant pour les projets que ceux réalisés ? Quelle est la ventilation des postes de travail avec le niveau de qualification des projets et ceux créés ? Quelle est la contribution à la valeur ajoutée réelle du pays des projets réalisés ? Les projets soutenus s’insèrent-ils dans le cadre des valeurs internationales dans la mesure avec la mondialisation, malgré la crise, nous sommes dans une économie ouverte du fait des engagements internationaux de l’Algérie ?

 

Pour une nouvelle politique de l’emploi

 

Il existe une loi universelle : le taux d’emploi est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité relevant d’entreprises compétitives à valeur ajoutée. L’on ne crée pas des emplois par décrets ou volontarisme étatique, la solution de facilité étant la création d’emplois dans l’administration (le nombre de fonctionnaires au 1er janvier 2015 était de 2.020.172 dont 1.608 964 à temps plein et 411.208 agents contractuels).

Le taux de chômage officiel de 12,3% est fortement biaisé, car il inclut, en ce qui concerne la population occupée, les sureffectifs tant des administrations que des entreprises publiques, des emplois temporaires fictifs non créateurs de valeur ajoutée, etc. Paradoxalement, du fait de l’allocation sectorielle d’investissement via la dépense publique, fortement biaisée privilégiant les emplois à très faibles qualifications comme le BTPH (70% de la dépense publique), les diplômés ont plus de chance d’être chômeurs.

Afin de résoudre le lancinant problème du chômage il faudra créer entre 300.000 et 400.000 postes de travail par an entre 2017-2020, qui s’ajoutent au taux actuel du chômage, sous-estimé du fait de la pression démographique, de l’entrée sur le marché du travail de la population féminine sous-estimée dans les statistiques. Il s’agira de mettre en place des stratégies d’adaptation tant sur le plan économique que social et politique, supposant un large front national, tenant compte des différentes sensibilités et des mutations locales et internationales. 

 

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