Les travailleurs de l’Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), ont observé aujourd’hui mardi 28 aout deux arrêts de travail à Skikda et Oran, causant le retard de débarquement de trois heures aux navires d u transport de voyageurs Tassili 2 et Tareq Ben Ziad.
Cette action coordonnée des travailleurs de l’entreprise vise à tirer la sonnette d’alarme sur la situation dans laquelle se trouve l’ENTMV, indique l’un de ses meneurs dans une déclaration à Maghreb Emergent.
Tout a commencé ce matin vers 9h30, au port de Skikda lorsque les passagers du navire Tassili 2 ont été surpris par la décision de l’équipage d’observer un arrêt de travail de trois heures pour réclamer la satisfaction de leur plateforme de revendications. « Nous avons bloqué la porte du bateau pour empêcher les passagers de monter à l’heure prévue. Nous avons agi ainsi parce que toutes les portes du dialogue et du règlement à l’amiable de nos problèmes socioprofessionnels ont été fermées par la direction de notre entreprise », explique par téléphone un gréviste à Maghreb Emergent. Il ajoute : « La quasi-totalité de l’équipage de Tassili 2 a adhéré au mouvement ».
Interrogé sur la réaction des passagers du navire qui assure la liaison entre le port de Skikda et celui de Marseille en France, notre contact nous dira que la plupart de ces derniers se sont montrés compréhensifs voire solidaire avec notre cause, toutefois, quelques passagers ont déploré la démarche des travailleurs.
Vers 13h, les passagers ont monté normalement, note notre source qui précise, par ailleurs, que cet arrêt de travail a été décidé par les travailleurs de l’entreprise sans passer par la section syndicale.
A Oran, c’est le départ du navire Tareq Ben Ziad vers la ville Espagnole d’Alicante qui subit le même sort. A 17h00, les 1200 voyageurs et les 450 voitures qui devaient monter sur ce joyeux du transport maritime national ont été informés par la direction de l’entreprise d’un retard de pas moins de trois heures en raison du refus de la quasi-totalité de l’équipage du navire de prendre leur poste. Du coup, l’embarquement est reporté de 3 heures. « Suivant de nos collègues de Tassili 2, nous avons observé un arrêt de travail de 3 heures pour lancer un message clair à la direction de l’entreprise », affirme un membre de l’équipage joint par nos soins. « Nous avons réussi à mobiliser la quasi-totalité de l’équipage pour mener cette action de protestation », poursuit-il.
Contrairement à Skikda, la tension a monté d’un cran au port d’Oran où des passagers ont utilisé les klaxons de leurs voitures pour marquer leur colère contre cette action surprise.
Le risque d’une grève illimitée plane
Surprise par l’ampleur de ces deux actions de protestation, la direction générale a invité en urgence le partenaire social à une séance du travail en vue de trouver des solutions aux problèmes posés et éviter le recours à une grève illimitée. La rencontre, selon une source syndicale s’est terminée sans accord ce qui renforce la possibilité d’un recours à une grève illimitée sous couvert de la section syndicale de l’entreprise cette fois-ci. « Le procès verbal de la réunion sera déposé à l’inspection du travail en vue d’enclencher les procédures légales de lancement d’une grève », affirme notre source. Nous avons tenté en vain d’avoir l’avis de la direction de l’entreprise.
Une longue de liste de revendications
Les protestataire ont rendu publique leur plateforme de revendications. Dans cette dernières, ils revendiquent la révision de la prime de nuisance selon les catégories marines et perception de la prime des corvées pour tous les membres de l’équipage. Les travailleurs demandent aussi l’actualisation et la régularisation des années de travail des marins recrutés après 1995 ainsi qu’une prise d’encouragement digne des efforts fournis par les marins et la révisions de la prime de court escale, le montant des allocations en devise et changement de fournisseur d’habillement en exigeant une qualité meilleure digne d’un marin embarqué sur un navire à passager.
Ils demandent également la satisfaction des besoins de formation des équipages, l’ouverture des commissions de participation et de formation sur des bases logiques, embarquement équitable des contractuels, amélioration de la qualité des vivres ainsi que la révision des frais de prise en charge. De plus, ils revendiquent l’instauration du 13è mois, la mise en place d’une nouvelle grille de salaire et un congé avec un système de salaire 30 jours d’embarquement et 30 jours de congé avec un calcul des heures supplémentaires conformément au code de travail en prenant compte le travail de nuit. Ils réclament une actualisation des frais de route et une prime de risque selon la fonction du marin et une prime d’arrêt technique équitable.