Algérie – Les «affaires» resteront en suspens pour cause de présidentielle - Maghreb Emergent

Algérie – Les «affaires» resteront en suspens pour cause de présidentielle

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 Les sulfureuses affaires en « instance » au niveau de la justice ne risquent pas d’interférer sur la présidentielles. Le secteur est verrouillé : Mourad Medelci, au conseil constitutionnel, Tayeb Louh, à la justice.  Les affaires attendront les élections avant de revenir.

 A quelques mois des élections présidentielles de 2014, des dossiers de corruption toujours en « instance » ne manquent pas : Khalifa, Sonatrach 1 et 2, Autoroute Est-Ouest ou encore celui du FNDA (Fonds national de développement agricole) pour ne citer que les plus médiatiques. Des affaires qui mettent en cause (accusations ou suspicions) un personnel politique et de hauts cadres dont plusieurs sont encore en fonction ou réputés proches des sphères dirigeantes. La complexité de cette conjoncture préélectorale – succession difficile ou reconduction contrariée agitent les centres de décision – ne devrait pas permettre une interférence des « affaires ».

 Quelques rappels….

 Dans l’affaire Khalifa 75 accusés et 300 témoins sont appelés à la barre dont l’actuel président du Conseil constitutionnel, lui-même, comme ancien ministre des Finances,  Karim Djoudi l’actuel argentier du pays, le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, revenu au ministère de l’Habitat après une traversée du désert et l’inamovible  secrétaire général de l’UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. La Cour suprême a accepté en janvier 2012 un pourvoi en cassation introduit par la défense et le ministère public. Le procès en appel qui devait s’ouvrir le 02 avril 2013 a été renvoyé en raison de l’absence d’accusés. 

L’affaire Sonatrach qui a connu un emballement médiatique lors de l’hospitalisation du président Bouteflika a presque disparu des radars depuis les derniers aménagements institutionnels opérés par le chef de l’Etat. Là aussi, les révélations de la justice italienne sur des détournements, des pots de vin et des passations de marchés publics loin des normes réglementaires désignent comme protagonistes l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil et le neveu d’un autre proche de Bouteflika, Farid Bedjaoui. Aux dernières nouvelles l’instruction ouverte par le tribunal de Sidi M’hamed sur ce sujet comporterait un vice de forme et la procédure judiciaire serait de ce fait frappée de nullité !

Concernant « la plus grande réalisation » de l’ère Bouteflika », l’autoroute Est-Ouest, après plusieurs pourvois en cassation introduits par les prévenus qui contestent la décision de la Chambre d’accusation, l’examen de l’affaire par la Cour suprême qui devait statuer sur la criminalisation ou non de cette affaire a été reporté au 19 décembre.  Piloté par l’actuel ministre des transports, Amar Ghoul, ce projet, réévalué à maintes reprises, a englouti selon les chiffres officiels quelques 12 milliards de dollars contre 7 milliards initialement prévus.  Les proches de ce dossier estiment que tout converge pour un nouveau renvoi d’autant qu’aucun élément nouveau n’est venu après le dernier renvoi.

 Le choix de différer les dossiers s’impose de lui-même

 Le nombre d’affaires de corruption portées en justice et qui ne trouvent pas d’épilogue à la mesure des préjudices subis par la collectivité nationale ne peuvent s’accumuler sans fin et sans risques. Pour l’heure, on ne semble pas vouloir focaliser la vie publique et institutionnelle sur ces dossiers. Le prochain président, quel qu’il soit, héritera de ces dossiers. Le traitement judiciaire de certaines affaires a donné le sentiment qu’on fait payer les lampistes. Mais au-delà des affaires, c’est la manière même dont l’Etat dépense qui suscite des questions. A l’image des magistrats de la Cour des comptes qui ont relevé dans leur   rapport sur l’exercice budgétaire 2011 de sérieuses anomalies dans les dépenses avant d’appeler à la « vigilance et la rationalité dans la gestion des finances de l’Etat». En attendant, dans le classement de Transparency International sur l’indice de perception de la corruption (IPC) pour l’année 2013, l’Algérie reste dans le bas du tableau.

 

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