La nouvelle volonté politique d’aller vers le financement des grands projets d’infrastructure par le secteur financier ne peut se faire avec un secteur bancaire qui n’a pas encore parachevé sa modernisation.
Abderrahmane Benkhalfa, analyste économique et financier a estimé, lors de son passage mardi sur les plateaux de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent, que le secteur bancaire ne peut prendre le relais du financement des projets d’infrastructure sans compléter sa modernisation et sans que le secteur marchand de l’Etat n’ait un niveau de vigueur qui lui permet de prendre des engagements et d’y faire face.
M. Benkhalfa qui a rappelé que le financement des projets par le budget de l’Etat se fait à fonds perdus, contrairement au financement par le secteur bancaire, a indiqué que ce dernier ne fonctionne qu’avec des moyens financiers limités actuellement.
Des pistes pour la réforme du secteur financier
L’ « Invité du Direct » de RadioM, avance des pistes pour la reprise en 2015 des réformes du secteur financier. Selon lui, 2015 doit être l’année d’agreement de nouvelles banques, y compris algériennes, « sans rester naïf » vis-à-vis des banques étrangères. « Si j’ouvre un marché aussi étendu, je me fais autoriser pour entrer dans son capital du groupe », a-t-il expliqué. Il a cité, dans ce sens, la banque marocaine Attijariwafa Bank qui a pris une envergure continentale avec un réseau de 6000 agences en Afrique dont la demande d’agreement est restée en souffrance pendant des années.
« Je suis favorable à l’agreement de cette banque parce qu’elle viendra enrichir un marché comme le nôtre », a-t-il dit. Et de préciser que cela se fera en entrant dans le capital de cette « grande banque » pour « un équilibre des intérêts ». « Je suis pour les intérêts croisés », a lancé M. Benkhalfa qui se dit aussi favorable à ce que les banques privées en activité en Algérie ne restent pas totalement internationale.
Ouverture du capital des banques par le biais de la Bourse
D’ailleurs, l’une des pistes avancées pour le développement du secteur financier algérien est de prendre des mesures institutionnelles pour que les banques privées cèdent au moins 15 % de leur capital à la Bourse d’Alger. De même, pour les banques publiques qui doivent, selon lui, ouvrir une part significative de leur capital.
Par ailleurs, M. Benkhalfa plaide pour la rénovation de la gouvernance des banques publiques, la mise en place d’un statut d’administrateur indépendant à leur niveau, déconcentrer le pouvoir de décision et aller vers la monnaie électronique.
L’emprunt obligataire fonctionne quand il n’y a pas d’excès de liquidité
Interrogé sur la possibilité de financer les investissements par l’emprunt obligataire, l’Invité du Direct a expliqué que dans l’état actuel des choses cette entreprise sera vouée à l’échec. Selon, M. Benkhalfa, le recours au marché obligataire fonctionne quand il n’il y a pas d’excès de liquidités dans les banques. Or, tel n’est pas le cas aujourd’hui et les banques ont trouvé d’autres gisements de profitabilité.
Selon lui, les banques préfèrent placer ce qu’elles ont pour aller faire de l’intermédiation par le biais de la Bourse. « Le marché obligataire demande 4% quand le crédit à la Banque est bonifié à 1% », a-t-il illustré. En somme, M. Benkhalfa estime que le marché financier ne peut jouer son rôle dans l’économie, sans un secteur bancaire ouvert et efficient en redonnant au taux d’intérêt sa valeur.
Extrait vidéo : bit.ly/1At2RWl
Ecouter l’émission: