Défaillance, ou tolérance. La limite entre les deux est difficile à démarquer. Les actes de vandalisme que la ville a subit ce week-end, met en lumière la passivité des autorités locales dans la gestion des problèmes de fond, en l’occurrence, le commerce informel.
En fait, la riposte des forces de l’ordre contre les jeunes trabendistes a été déclenchée suite à deux faits précis. Selon les citadins et la presse régionale, la police a lancé son opération coup de poing suite à une altercation survenue entre le commissaire du 9ème arrondissement et des jeunes commerçants qui occupaient les trottoirs de la même rue de cet arrondissement. Ce chef de sureté se trouve toujours dans une situation de santé critique. Le deuxième fait concerne, également, un officier de police, qui a été lynché dans la Vieille-ville (Place d’armes). Ces deux faits ont été « les deux goutes qui ont fait déborder le vase ». Un vase rempli d’eau trouble, dans cette ville ou les efforts des autorités se font rares, ou au mieux : inefficaces.
Il aura fallu en arriver à des incendies volontaires, des pillages de commerces privés et des scènes de violence pour que les autorités locales se retrouvent sous les projecteurs des médias. Le wali d’Annaba, M. Youcef Chorfa a déclaré à la chaine Ennahar que ses services sont engagés dans la lutte contre le commerce « anarchique » et souligne au passage que sa wilaya a mis à la disposition des jeunes commerçants, des espaces destinés à héberger leurs commerces. « Je leurs demande de bien vouloir occuper les espaces que nous avons bâtit mais qui restent vides jusqu’à présent » a-t-il déclaré. A travers cette déclaration le Wali fait un bref état des lieux et reconnais qu’il y a bien des initiatives et des projets concrétisés, à l’image de ces « espaces commerciaux » destinés aux jeunes chômeurs.
L’économie informelle, un défi à prendre au sérieux
Malgré les réclamations émises par les commerçants du centre ville d’Annaba, qui observaient avec impuissance l’ancrage du marché informel juste devant leurs magasins et encombrant les trottoirs et les routes, ce souk informel a toujours été au rendez-vous à l’approche des fêtes de l’Aïd et à l’avènement du mois de Ramadan. Par ailleurs, ce commerce « anarchique » a toujours été un lieu d’insécurité, où le citoyen et notamment les citoyennes sont confrontés à des menaces d’agression et de vol.
Outre les répercutions en matière d’insécurité, ces marchés improvisés représentent une manifestation de l’économie informelle, dont l’économie nationale subit les conséquences. Les autorités politiques ainsi que les observateurs économistes mettent assez souvent l’accent sur cette sphère et appellent à la mise en place d’une stratégie à la hauteur du défi.
Il devient clair que les émeutes d’Annaba démontrent, non seulement la passivité au niveau des autorités locales dans la gestion de ces marchés. Mais surtout, l’absence d’une gérance du ‘’défi de l’informel‘’, puisque l’opération des forces de l’ordre voulant « éradiquer » ces commerces, a été lancé après que des agents de police aient été directement victimes de la présence de ces trabendistes. Cela ne répond guère à une stratégie de lutte contre l’économie informelle.