Contrairement aux prévisions de l’ancien ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, la production algérienne de pétrole n’a pas augmenté en 2015. La hausse de la consommation, de quelque 5% par an, a pour effet mécanique une baisse des exportations.
La production pétrolière de l’Algérie a stagné durant les quatre premiers mois de 2015, se maintenant au même niveau que durant la même période de l’année précédente, selon des déclarations faites lundi par le PDG par intérim de Sonatrach, M. Saïd Sahnoun. Sans donner de chiffres précis, M. Sahnoun a indiqué que la production se situe au même niveau que l’année précédente. Il a tenté de faire une lecture positive de ces chiffres, en déclarant que Sonatrach prévoyait une baisse de la production de 2%, ce qui permettrait d’affirmer que les résultats sont meilleurs que prévu.
Ces chiffres sont relevés au lendemain du limogeage de M. Youcef Yousfi de son poste de ministre de l’Energie, auquel il a été remplacé par M. Salah Khebri, ancien directeur de l’Institut algérien du pétrole, spécialisé dans l’économie pétrolière.
Selon les calculs de Maghreb Emergent, la production algérienne de pétrole se serait située autour de 1,22 millions de barils/jour durant les quatre premiers mois de 2015. Elle pourrait augmenter de 2% durant le second semestre, lorsque deux nouveau puits seront mis en exploitation. Il s’agit, selon le PDG de Sonatrach, des puits de Bir Sebaa, qui devrait produire 20.000 à 25.000 barils/jour de Bir El M’Saa, d’un débit de 12.000 à 15.000 barils/jour. Cela donnerait une augmentation de la production proche de 2,5%.
Baisse des exportations
Ces chiffres signifient que les exportations de l’Algérie vont encore baisser en volume en 2015, la consommation connaissant une augmentation supérieure à 5% par an. Une évolution tranchant avec les prévisions de l’ancien ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, qui a toujours soutenu que la production d’hydrocarbures allait repartir, pour retrouver en 2018 son niveau de 2008.
Convaincu de l’avenir de l’énergie fossile en Algérie, M. Yousfi affirmait vouloir doubler la production algérienne d’hydrocarbures, en lançant notamment l’exploitation du gaz de schiste ainsi qu’un vaste plan d’exploration. Une contestation populaire dans les villes du Sahara a mis fin à ses ambitions dans le domaine du gaz de schiste, alors que les appels d’offres pour lancer l’exploration dans de nouveaux sites rencontraient peu d’échos. Des périmètres considérés comme prometteurs ne trouvaient pas preneurs. Pourtant, M. Yousfi avait fait amender la loi sur les hydrocarbures pour assurer les investissements étrangers, sans obtenir de résultats probants.
Approximations
La production d’hydrocarbures avait connu une légère augmentation en 2014, avec une progression de 4,4%, après une baisse sensible en 2013, due partiellement à l’arrêt du site de Tiguentourine, qui assurait 18% de la production algérienne de gaz avant qu’il ne soit attaqué par un groupe terroriste, en janvier 2014. Dans un souci d’apaisement, M. Yousfi avait affirmé que la production devait reprendre trois mois après l’attaque. Un technicien du site déclarait, fin 2014, que l’activité n’avait pas encore totalement repris.
L’Algérie est, toutefois, un pays essentiellement gazier. Le pétrole et le condensat ne représentaient que 61 millions de tonnes équivalent pétrole (TEP) en 2014, sur un total de 200 millions de TEP, soit 30,5%. Mais les chiffres eux-mêmes sont sujet à caution. Des statistiques communiquées par le ministère de l’Energie et Sonatrach, dont des chiffres ronds difficiles à expliquer : la production globale aurait atteint 200 millions de TEP, et les exportations ont atteint 100 millions de TEP. Difficile de ne pas voir dans ces données des approximations évidentes.