Selon un rapport de l’OCDE, l’Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires au sein de la région Mena. Elle souffre d’un environnement des affaires contraignant que l’on croit résoudre par des lois alors qu’il s’agit de s’attaquer au fonctionnement de la société : bureaucratie, système financier et système socio-éducatif inadaptés….
Le Global Competitiveness Report 2015–2016 (World Economic Forum) analyse, pour 140 Etats, les contraintes du milieu des affaires et l’efficacité économique avant d’élaborer un classement sur une échelle allant de 1 à 7. Ce classement est établi sur la base d’une centaine d’indicateurs quantitatifs émanant des Etats membres et des organisations internationales (Banque mondiale, Fonds monétaires international…), ainsi que d’enquêtes qualitatives réalisées par le WEF lui-même. Ces indicateurs sont regroupées en 12 catégories appelées « piliers ».
Voilà un résumé de la place de l’Algérie dans ce classement :
– Taille du marché : 37e ;
– Equilibre macro-économique : 38e (l’enquête a été réalisée avant l’analyse des impacts de la baisse des recettes de Sonatrach sur les finances du pays) ;
– Efficacité des institutions : 99e ;
– Infrastructures : 105e ;
– Sophistication des facteurs d’innovation : 124e ;
– Enseignement supérieur/formation : 99e ;
– Marché des biens : 134e ;
– Education/santé : 99e ;
– Développement du marché financier et efficacité du marché dut travail : 135e.
Dans le rapport sur la compétitivité globale du Forum de Davos (2015-2016), l’Algérie a perdu 8 places, passant du 79e au 87e rang sur un total de 140 pays ; elle a obtenu un total de points de 3,97 sur 7 contre 4,08/7 points lors de l’édition précédente. Elle devance la Mauritanie (137e), la Tunisie (92e), mais reste derrière le Maroc (72e).
Le classement du rapport Doing Business 2017, une référence en la matière pour les détenteurs de fonds qui cherchent des opportunités d’investissements, est établi selon les critères suivants : la facilité de faire des affaires, la création des entreprises, l’octroi de permis de construire, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investissements et le paiement des impôts. Ces indicateurs sont complétés par d’autres: le raccord d’électricité ; le commerce transfrontalier ; l’exécution de contrat et le traitement de l’insolvabilité.
Dans le rapport Doing Business de 2017, l’Algérie est classée à la 156ème place, avec un score de 47,76 points sur 100 après avoir occupé la 163ème place en 2016 (sur 190). Dans le groupe de 47 pays africains évalués elle vient à la 30ème place, ce qui montre une insuffisance en termes de réformes à engager pour asseoir une économie diversifiée dynamique et donc la transition économique. Voici un résumé de ses résultats :
– Facilités de création d’entreprise : 142e place ;
– Protection de la propriété commerciale et industrielle : 162e ;
– Protection des investissements des minorités : 173e ;
– Commerce international : parmi les 13 derniers.
Selon ce rapport, l’Algérie figure parmi les sept pays qui ont réalisé des réformes pour faciliter l’accès des PME à l’électricité et a également réussi à « réduire la complexité de sa réglementation » en matière des affaires ainsi que les délais d’obtention d’un permis de construire. L’amélioration des performances de l’Algérie, indique ce document, a également le volet fiscal : il ainsi a été constaté une réduction de la Taxe sur l’activité professionnelle (TAP) de 2% à 1%, une simplification du processus de conformité fiscale par la réduction du nombre de déclarations de revenus et des facilitations en matière de création d’entreprises à travers la suppression du capital minimal exigé pour le lancement d’une PME.
L’Algérie sera ce que les algériens et ses dirigeants décideront qu’elle sera: nous devons éviter l’économisme étroit, tout projet de développement étant forcément porté par des forces sociales et politiques. Toutefois, la leçon que l’on peut tirer de ces deux rapports est que le bilan est très mitigé malgré l’importance de la dépense publique qui a tiré ces dernières années la croissance et que le pays, avec ses potentialités peut mieux faire, sous réserve de profondes réformes structurelles.
Selon un rapport de l’OCDE, l’Algérie dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats par rapport à des pays similaires au sein de la région Mena. Elle souffre d’un environnement des affaires contraignant que l’on croit résoudre par des lois alors qu’il s’agit de s’attaquer au fonctionnement de la société : bureaucratie, système financier et système socio-éducatif inadaptés… Les véritables créateurs de richesses privés locaux et internationaux sont confrontés à la lourdeur bureaucratique et au manque de visibilité et de cohérence de la politique socio-économique.
Il faut une autre organisation institutionnelle gouvernementale autour de grands ministères et de grands éco-pôles régionaux, de même que la définition d’objectifs stratégiques, précis, fondés sur l’économie de la connaissance, richesse bien plus importante que toutes les richesses d’hydrocarbures. Cela implique un changement de cap de la politique socio-économique, loin des aléas de la rente, une politique se fondant sur un nouveau modèle de consommation énergétique.
Il est urgent d’adapter les politiques socio-économiques à la nouvelle révolution économique irréversible qui s’annonce, ce qui suppose un minimum de consensus social et de réalisme car il en est fini d’un cours du pétrole supérieur à 80 dollars le baril. La situation risque d’être difficile sur le plan financier, l’Algérie ayant fonctionné sur la base d’un cours pétrolier de 115/120 dollars en 2013/2014 et de 88/90 dollars le baril en 2016. Or le cours du Brent tourne depuis la réunion d’Alger autour de 50 dollars !