Après une longue attente, les visas ont été débloqués pour les journalistes désireux de couvrir l’élection présidentielle en Algérie. A une exception notable : Le Monde.
Après une longue attente, les visas ont commencé à être délivrés aux journalistes français, à partir du 8 avril dernier. L’opération « délivrance » s’est poursuivie jusqu’au 11 avril. Les derniers à avoir obtenu leurs visas ont été les journalistes de l’Express, Le Point et le JDD. Le « déblocage général» connait, jusqu’à aujourd’hui, une grosse exception : la journaliste du quotidien Le Monde, Isabelle Mandraud, attend toujours son visa. Elle est bien la seule avec probablement « le Petit Journal » de Canal+ qui a trouvé le bon slogan pour mettre les rieurs de son côté. « Même sans visa, «Le petit journal» continue à couvrir la présidentielle » clame la séquence algérienne. Au total, plus de 160 demandes d’accréditation de journalistes étrangers pour la couverture de l’élection présidentielle du 17 avril prochain ont été adressées au ministère de la Communication a indiqué mercredi le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel.
Pour Le Monde, si le refus de visa persiste, ce serait une première. Jusqu’à vendredi soir, Isabelle Mandraud, était sans nouvelle de sort réservé à sa demande de visa. Le Monde a en effet constamment couvert les présidentielles algériennes et a assuré un suivi régulier de l’actualité algérienne même quand l’intérêt des autres journaux pour l’Algérie est devenu très marginal. La mesure sans précédent est d’autant plus contreproductive que l’interdiction de visa n’empêche pas une « couverture » de l’élection présidentielle via les médias et les réseaux sociaux.
Régression
Faut-il voir dans cette interdiction «spécifique» appliquée au journal Le Monde un signe de nervosité à l’approche de l’élection présidentielle ? La relecture des articles publiés dans Le Monde ne permet pas de trouver une « cause » dans le travail de la journaliste. Les écrits ne sont pas flatteurs mais ils sont beaucoup moins «méchants » que ce qui s’écrit dans la presse algérienne. A Alger, aussi, le refus de visa suscite des interrogations. «C’est comme une bévue à la Sellal qui se retourne contre le candidat Bouteflika» observe un confrère. Il y a comme une «régression » dans la gestion des médias étrangers.
Le 15 avril prochain, Arte diffuse un documentaire, qui l’illustre parfaitement. Muni d’un visa et d’une autorisation pour réaliser un travail sur les jeunes algériens, Burno Ulmer, a été empêché de travailler une fois arrivé à Alger. Finalement, cette interdiction, absurde, est devenue, un levier pour un documentaire sur le mode de « paroles libres » sur des « images volées » via une caméra cachée. « Paroles d’Algérie » de Bruno Ulmer sera diffusé mardi soir sur Arte.