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Algérie-Maroc-Espagne : l’évocation du GME par Abdelmadjid Tebboune soulève de nouvelles questions

Par Maghreb Émergent
octobre 11, 2021
Algérie-Maroc-Espagne :  l’évocation du GME par Abdelmadjid Tebboune soulève de nouvelles questions

Par Samy Injar

Le contrat de livraison à l’Espagne se termine le 31 octobre prochain et le doute plane sur le volume des exportations algériennes vers Madrid en 2022.

Le président algérien a été évasif, hier lors du point presse périodique avec des représentants de médias locaux, sur l’issue de l’affaire de la cessation des exportations vers l’Espagne via le territoire du Maroc avec le GME, alors même qu’il a confirmé que ce gazoduc ne sera plus utilisé au delà de la date contractuelle du 31 octobre 2021. Il a affirmé qu’en tout état de cause l’Espagne ne sera plus approvisionné en gaz naturel via le Gazoduc Maghreb Europe (GME), inauguré en 1996 long de 1400 km et transportant jusqu’à 12 milliards de M3 par an dont 8 Mds sont enlevés par l’Espagnol Naturgy.

Il a bien sur rappelé que l’Espagne pourra être approvisionné à travers le gazoduc qui relie directement les deux pays, le Medgaz lancé en 2011. Toutefois Abdelmadjid Tebboune a laissé entendre que Sonatrach pourrait recourir aux livraisons de GNL à l’Espagne pour compléter les volumes contractuels s’ils étaient reconduits au terme d’un nouveau contrat. Le spécialiste pétrolier français Pierre Terzian a estimé sur RFI que l’Algérie peut assurer 5/7 des volumes de gaz livrés en Espagne via le GME en les faisant transiter par le Medgaz une fois augmenté ses capacités de 8 à 10,5 Mds de M3 avant la fin de l’année en cours. Il resterait entre 2 et 2,5 Milliards de m3 par an qui ne pourront pas passer par le Medgaz pour maintenir le volume des exportations algériennes sur le marché ibérique, partagés entre ses clients espagnols et portugais et à ses partenaires européens sur l’amont gazier en Algérie.

L’évocation de la livraison par méthaniers de quantités additionnelles de GNL, jusqu’à 2 Mds de m3 par an pose la question de la capacité de liquéfaction en place, et du manque à gagner commercial, les volumes baissent jusqu’à 20% après liquéfaction-regazéification par rapport au gaz naturel transporté par canalisation. L’autre question que soulève l’indication présidentielle sur la vente en Espagne de GNL pour compenser les quantités manquantes sur le Medgaz même portés à 10,5 Milliards de M3 par an, est celle de l’impréparation de Sonatrach à ce basculement.

L’Espagne se prépare à acheter plus de GNL, mais pas algérien

L’Espagne a anticipé la perte de ce volume de 2 Milliards de m 3 de gaz en provenance d’Algérie après le 31 octobre. 20 slots de débarquements ont été mis aux enchères pour des méthaniers sur les terminaux ibériques de regazéification. Sonatrach ne s’est pas présenté pour les acquérir, ce qui rendra plus onéreux leur achat sur le marché secondaire dans le cas où la compagnie retient cette solution pour ne pas perdre de parts de marchés chez son deuxième client européen.

Abdelmadjid Tebboune n’a sans doute pas souhaité gêner Sonatrach dans les négociations en cours pour déterminer les modes d’approvisionnement de ses clients en Espagne au delà du 31 octobre, sachant que son principal client, Naturgy, a déjà conclu un nouveau contrat en 2018 prolongeant ses achats de gaz algérien jusqu’à 2030. Mais en restant évasif sur l’issue de ces négociations, le scénario d’une baisse des exportations algériennes paraît ne pas être exclu.

Si les 2,5 milliards de m3 destinés au client Portugais Galp Energia devraient continuer à être livrés via l’Espagne, le contrat a été reconduit en 2019 pour 10 ans, il n’est pas certain que les partenaires de Sonatrach, comme Gaz de France, continuent de recevoir leurs parts de gaz algérien en Espagne. Pierre Terzian a évoqué sur RFI des capacités excédentaires sur le Transmed qui relie l’Algérie à l’Italie via la Tunisie.

Les deux milliards de M3 manquant pourraient être livrés en Italie et « trouver un chemin vers le marché européen » a affirmé Pierre Terzian. Un scénario qui a l’avantage de ne pas recourir au GNL et à des investissements supplémentaires. Sonatrach n’a pas semblé travailler sur ce scénario ces derniers mois en dépit du fait que de nombreux experts algériens l’ont déjà évoqué dans des réunions de spécialistes.

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