Pour Aomr Habes (Faderco), « les micros-entreprises doivent se faire connaître, approcher les grandes entreprises et essayer de les séduire » car « il arrive que des besoins se fassent sentir mais pour solliciter une micro-entreprise, il faut d’abord la connaître ».
Durant deux jours s’est tenu à Alger une rencontre dédiée exclusivement à la micro-entreprise : Moukawil 2017. Ce rendez-vous, qui a regroupé plus de 700 participants, dont 600 jeunes Algériens, est important. C’est le premier en date, ce qui indique une sorte de regain d’intérêt pour la micro-entreprise après une longue période pendant laquelle toute l’attention était accaparée par les « champions ». C’est aussi parce que c’est un rendez-vous qui est appelé à se rééditer régulièrement pour accompagner les jeunes entrepreneurs.
Ali Haddad veut faire des émules
Dans un discours qu’il a prononcé devant des centaines de micro-entrepreneurs, le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), Ali Haddad, a réussi à en émouvoir plus d’un en rappelant notamment ses débuts dans l’entreprise : « Quand on veut créer une entreprise, on doit avoir le souffle long et travailler beaucoup. Il faut penser plus aux opportunités qu’offre le fait d’avoir une entreprise qu’aux difficultés. Moi, je n’ai pas commencé avec une grande entreprise mais avec une grande idée de l’entreprise et du travail. »
Ahmed Tibaoui, vice-président du FCE, a abondé dans le même sens affirmant que « seul le travail paie » tout en se disant confiant quant à la capacité des jeune Algériens à s’affirmer et à construire des entreprises qui réussissent : « Il faut qu’on se dise la vérité : ce n’est pas tout le monde qui est fait pour l’entreprise. Toutefois, si on a la volonté et les moyens et que l’’on travaille, rien ne peut nous empêcher d’aller loin. La culture entrepreneuriale s’apprend. »
Les micro-entreprises doivent « draguer » les grandes »
Lors du débat, et face aux nombreuses questions des micro-entrepreneurs qui posent le problème de l’accès aux marchés dans une économie hautement bureaucratisée et dont le principal acteur reste incontestablement l’Etat, les avis ont fortement divergé. Si Ahmed Tibaoui a tenu à rappeler que les entreprises qui n’arrivent pas à pénétrer le marché sont simplement destinées à la faillite, le marché étant impitoyable, Abdelkrim Boudraa, chef d’entreprise et membre du collectif Nabni, a rappelé que les jeunes entrepreneurs doivent penser en tant que tels et ne pas se positionner en « sauveurs » ou en « bâtisseurs » : « Un chef d’entreprise doit d’abord penser aux intérêts propres de son entreprise, chercher des opportunités d’investissement et les meilleures moyens de les exploiter et non que faire de tel ou tel secteur un secteur prospère. Ceci est le travail des politiques. » Il a appelé les jeunes entrepreneurs à avoir des objectifs proportionnels à la taille de leurs entreprises.
C’est, toutefois, Amor Habes, patron de Faderco, qui a fait sensation en exhortant les micro-entreprises à se rapprocher des grands groupes, en leur faisant des offres de services : « Les micros-entreprises doivent se faire connaître, approcher les grandes entreprises et essayer de les séduire. Il arrive que des besoins se fassent sentir mais pour solliciter une micro-entreprise, il faut d’abord la connaître. J’ai personnellement sous-traité un travail avec une petite entreprise algérienne qui a abouti à un excellent résultat, avec un montant six fois inférieur à un devis qui m’avait été fait par une entreprise française pour le même travail », a-t-il assuré.