Pour réorganiser le marché algérien du lait, le ministère de l’agriculture a débloqué 200 milliards de dinars. Et annoncé des mesures, qui suscitent l’incompréhension chez certains éleveurs quant à l’accès aux subventions.
Ce ne sont pas moins de sept nouvelles mesures qui ont été décidées par le Ministère de l’Agriculture, du développement rural et de la Pêche pour relancer la filière du lait, qui bat de l’aile depuis plusieurs années. Il y a deux mois, le ministère avait réuni tous les acteurs de la filière pour discuter d’un plan de relance, qui se veut être le résultat de ces consultations. Seddik Saadi, responsable de la collecte à la laiterie Soummam, tient à saluer l’effort du Ministre qui, «à la différence des autres ministres, sollicitent les professionnels», mais »attend quand même de voir». Pour mettre en œuvre ces nouvelles mesures, le Ministère de l’Agriculture a annoncé mardi avoir débloqué une enveloppe de 200 milliards de dinars pour les cinq prochaines années. Selon le Ministre du secteur Sid Ahmed Ferroukhi, environ 90% de cette enveloppe seront accordées en subvention pour la production du lait cru, le gouvernement ayant décidé d’augmenter de deux DA la prime octroyée aux éleveurs, qui est passée à 14 DA le litre depuis lundi 2 novembre. Cependant, la nouveauté se situe dans une enveloppe de 25 milliards de dinars qui sera consacrée à l’investissement dans les différents segments de la filière, notamment dans la production de fourrages, dont le prix, à la suite d’une longue période de sécheresse ces dernières années, a explosé, mettant les éleveurs dans une situation financière insoutenable. «Notre objectif est d’arriver dans les cinq prochaines années à 0% d’utilisation de la poudre de lait importée pour la production des produits dérivés dont les prix sont libres, et d’augmenter la part du marché du lait cru, estimée actuellement à 30%», a estimé Sid Ahmed Ferroukhi.
L’agrément sanitaire, une mesure alarmante pour les éleveurs
Le ministère a également pris soin de mettre des conditions à l’obtention des deux dinars supplémentaires dans le prix du lait cru. Une des conditions pour les éleveurs est de «produire un lait de qualité, sain et marchand». Pour cela l’agrément sanitaire a été remis au goût du jour par le nouveau ministre. Cette procédure de dépistage a pour but de rendre sain le cheptel en éliminant les vaches malades. «Cette mesure, cela fait quatre ans que le gouvernement patine dans ses décisions. Deux choses doivent être réalisée: il faut identifier le cheptel, et l’agrément sanitaire. Le cheptel doit être vacciné, c’est une question de santé publique» estime Seddik Saadi, cadre à la laiterie Soummam. En revanche, pour Azzedine Sahraoui, président de l’association des producteurs de lait de la Wilaya de Batna, l’obligation d’agrément sanitaire arrive trop tôt pour des éleveurs encore très fragiles. «Je pense que les fellah subissent beaucoup trop de difficultés en ce moment, leur rajouter une condition d’agrément sanitaire maintenant c’est très risqué. Ils risquent de fuir. Ils auraient du le faire dans deux ans». Cette mesure aura pour effet d’envoyer chaque animal malade à l’abattoir. Pour l’éleveur: «Le cheptel algérien va beaucoup baisser, dès que les premiers fellahs vont perdre des vaches, les autres vont se sauver et le cheptel algérien va perdre beaucoup de tête». Ce qui va entrainer une situation catastrophique, d’autant plus que l’augmentation de deux dinars des subventions est selon lui «insuffisante». En Algérie, la consommation annuelle de lait est de 130 litres/habitant. Le pays a importé en 2014 près de deux milliards de dollars de poudre de lait.