Selon l’expert, « les variations actuelles à la hausse que l’on observe obéissent aux éléments de conjoncture, y compris géopolitiques. Pour le temps long, il faudra revenir aux fondamentaux de l’économie mondiale ».
La tendance haussière des prix du pétrole est-elle durable ou est-ce un fait de conjoncture ? Mustapha Mekideche, économiste et spécialiste des questions énergétiques et néanmoins vice-président du CNES (Conseil national économique et social) considère que cette question est fondamentale dans la conjoncture actuelle parce qu’elle introduit « la variable du temps long et du temps court dans la formation des prix des hydrocarbures ».
« Pour la situation actuelle, il y a ce que l’on souhaite tous, comme l’a résumé le P-DG de la Sonatrach avec un prix de 75 dollars, et il y a ce qui peut être. Pour ma part, je préfère m’en tenir à la prudence plutôt qu’à l’excès d’optimisme », affirme Mustapha Mekidèche qui préconise de« garder la tête froide » et de « maintenir le cap des réformes et la rigueur budgétaire ». La raison ? M. Mekidèche la donne sans nuances.
« Les variations actuelles à la hausse que l’on observe obéissent aux éléments de conjoncture, y compris géopolitiques. Pour le temps long, il faudra revenir aux fondamentaux de l’économie mondiale. Alors si l’on maintient l’hypothèse de la discipline des producteurs Opep et non Opep qui ont participé à l’accord qui a permis, pour une grande part, le rééquilibrage du marché, à l’inverse, d’autres éléments problématiques subsistent. Lesquels ? D’abord le niveau de la reprise espérée de l’économie mondiale. Ensuite le trend, à long terme, d’exploitation des pétroles de schistes américains. Il y a aussi le rythme et le volume de la reprise des investissements dans la branche hydrocarbures conventionnels et non conventionnels. Avant-dernier élément d’incertitude : le taux réel d’accélération de la croissance des énergies mondiales dans les différents paniers énergétiques. Et enfin, l’évolution de la situation géopolitique dans le Moyen-Orient et les pays du Golfe, notamment l’Iran et l’Arabie Saoudite », explique Mustapha Mekidèche.
Mais pas seulement. Battant en brèche les optimises qui fusent çà et là, le vice-président du CNES se veut très prudent. « Je ne me hasarderai pas à établir pour 2020 des hypothèses de travail supérieures à 70 dollars le baril pour nos deux prochaines lois de finances. C’est ce que l’on appelle le principe de précaution. Cela veut dire que les réformes visant à allumer d’autres moteurs de la croissance pour diversifier les sources de revenus du pays et la rigueur budgétaire seront d’actualité dans le temps long ».