Entre 2015, tumultueuse année où de nombreuses manifestations anti-schiste avaient été organisées en Algérie et fin 2017, le schiste était un sujet tabou.
La première journée du salon dédié au secteur de l’énergie, NAPEC (North Africa Petroleum Exhibition & Conference), organisé à Oran, a été marquée par un véritable plaidoyer en faveur du potentiel du schiste algérien, encore inexploité mais très prometteur. Des propos tenus par de hauts responsables algériens, à savoir le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni et le président d’Alnaft (Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures), Arezki Hocini devant les représentants des grands groupes internationaux.
Entre 2015, tumultueuse année où de nombreuses manifestations anti-schiste avaient été organisées en Algérie et fin 2017, le schiste était un sujet tabou que le gouvernement n’aimait pas trop évoquer et que les médias publics évitaient. C’est le Premier ministre, Ahmed Ouyahia qui a franchi le pas, le 1er octobre dernier en déclarant que le schiste était une ressource à laquelle l’Algérie devait penser à l’avenir. Une déclaration, appuyée, quelques jours plus tard par le ministre de l’Energie qui a parlé, à son tour, de l’importance de cette énergie pour le pays. Le 10 octobre, c’était au tour de la ministre de l’Environnement, d’aborder cette question en rappelant que l’exploitation du schiste était un engagement « clair et total » de la part du gouvernement.
Il a fallu attendre le Napec pour que la question soit à nouveau abordée. Et ce qui s’est passé, hier, au Palais des conventions d’Oran pouvait être considéré, pour certains du moins, comme une véritable surprise. Lors de l’ouverture des travaux des conférences organisées en marge du salon, les responsables algériens ont clairement invité les groupes internationaux à intégrer le schiste algérien dans leurs calculs futurs. « L’Algérie dispose d’un énorme gisement de schiste la classant en troisième position à l’échelle mondiale », avaient déclaré, à quelques minutes d’intervalle, le ministre de l’Energie et le président d’Alnaft.
M. Guitouni avait même indiqué que la loi sur les hydrocarbures sera prochainement amendée afin de faciliter l’investissement dans le secteur énergétique, en général, et dans le but de lever les obstacles qui en bloquent l’épanouissement. Cette loi, a-t-il dit, assurera des facilités aux investisseurs dans le domaine des énergies conventionnelles, du renouvelable et des énergies non conventionnelles, autrement dit le schiste.
Mais le ministre a souhaité être à la fois clair et rassurant, particulièrement, vis-à-vis de l’opinion publique : « l’exploitation du schiste ne se fera pas tant qu’il n’y aura pas de certitudes quant aux risques potentiels aussi bien sur la santé publique que sur l’environnement », a-t-il dit, en substance. Selon M. Hocini, des discussions sont menées en ce moment avec des groupes énergétiques opérant en Algérie afin de parvenir à une vision plus précise sur le potentiel du schiste en Algérie.
Le gouvernement algérien est visiblement décidé à aller vers cette source d’énergie qui présente l’avantage d’être abondante localement, mais aussi l’inconvénient d’être encore mal connue. C’est précisément pour cette raison que le ministre de l’Energie a assuré, hier, que l’exploitation du gaz de schiste ne se fera pas avant une dizaine d’année, au moins.
Le marché mondial du pétrole, déséquilibré par le schiste américain, essentiellement, pousse l’Algérie, comme d’autres pays pétroliers, d’ailleurs, à envisager l’exploitation de cette ressource non conventionnelle. De plus, le développement des énergies renouvelables et la diversification de l’économie, deux solutions prônées par le gouvernement pour améliorer la situation financière du pays, ne semblent pas faire le poids face aux possibilités qu’offre le schiste avec ses 30 à 40.000 milliards de M3 de réserves et son potentiel d’exportation à long terme, à condition, évidemment, que les effets néfastes des opérations d’extraction soient réellement inexistants.
Hier, à Oran, le fait du jour était le début d’un nouveau genre de discours sur le schiste, décomplexé et sans tabou. Pour le reste, c’est l’épreuve du terrain qui fera la différence.