Le monopole de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), dans le secteur économique public est sérieusement battu en brèche par le syndicalisme autonome.
Après avoir perdu sa prééminence dans les secteurs de la Fonction publique, la Centrale syndicale UGTA fait face à une montée du syndicalisme autonome dans le secteur économique public.
L’émergence des organisations syndicales autonomes et des groupes de travailleurs organisés au sein des entreprises publiques au cours des deux dernières années semble être un effet d’une perte de crédibilité de la centrale syndicale « historique ».
Des entreprises publiques importantes telles que la Sonelgaz, Air Algérie, Algérie Poste et Sonatrach échappent partiellement ou totalement à l’emprise de l’UGTA qui continue d’avoir le statut de partenaire social unique du gouvernement.
Durant le premier trimestre 2017, les travailleurs de Sonelgaz ont brisé un tabou en adhérant massivement au Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et le gaz (Snateg), le seul syndicat autonome de l’entreprise.
Les actions de protestation menées par les membres de ce syndicat durant les deux derniers mois, ont mis fin à plusieurs décennies du monopole exercé par les structures de l’Union générale des travailleurs algériens.
Selon le Snateg, les travailleurs du groupe public Sonelgaz claquent quotidiennement les portes de l’UGTA et frappent à celles du Snateg qui se revendique désormais, comme le premier syndicat de l’entreprise.
En chiffre, le bureau national du Snateg affirme avoir atteint un taux de représentativité dépassant parfois les 65%. C’est le cas de la société algérienne de la distribution de l’électricité et du gaz de la région du Blida une filiale du groupe Sonelgaz. Le Snateg revendique également la représentativité de la majorité des travailleurs du groupe dans les wilayas de Bejaia et Tizi Ouzou.
Algérie Poste (AP), le Syndicat national autonome des postiers (Snap), s’est lancé dans une double bataille : contre la direction générale de l’Algérie poste et contre les structures de l’UGTA farouchement opposées au pluralisme syndical.
Suspendus de leurs postes de travail en raison de leurs activités syndicales, les dirigeants du Snap dont le président Mourad Nekkache et le chargé de la communication Tarek Ammar Khodja ne désarment pas. Ils ne cachent pas leur intention de faire du Snap le syndicat le plus représentatif des travailleurs et ont mis en place un programme de déploiement.
Ils ont décidé d’organiser, demain 7 juin, une marche nationale des postiers dans les rues de la ville de Bejaia, devenue en raison du verrouillage de la capitale, le haut-lieu de l’expression de la combativité des syndicats autonomes.
Un syndicat autonome des pétroliers en construction
Dans le secteur des hydrocarbures également, l’idée de créer des syndicats autonomes, hors de la fédération des hydrocarbures de l’UGTA, avance. Elle a été avancée au lendemain de la tripartite de juin 2016 qui a annoncé la fin de la retraite anticipée et celle sans conditions d’âge.
Le fait que l’UGTA avalise cette mesure a été jugé comme une trahison par les travailleurs de plusieurs filiales du groupe Sonatrach. Des sit-in avaient été organisés au niveau des bases de vie à Hassi Messoud et Hassi R’mel.
L’idée d’un syndicat autonomie a depuis murie. Le 1er juin 2017, un communiqué a annoncé la création du Syndicat national autonome des pétroliers algériens (Snapa). Des adhésions en ligne ont été lancées. En l’espace de trois jours seulement, le futur syndicat a eu plus près de 400 adhésions.
Le document annonçant la naissance est direct : « les travailleurs de la Sonatrach souffrent de la représentativité imposée de l’UGTA et non acceptée par la majorité écrasante des travailleurs ».
Les pilotes d’Air Algérie en précurseurs
Air Algérie fait figure d’ancêtre du syndicalisme autonome dans le secteur économique public. Les pilotes de la compagnie ont été les premiers à rompre avec la Centrale syndicale en 1990créant ainsi le premier syndicat autonome dans le secteur économique public.
Le personnel navigant d’Air Algérie leur a emboité le pas en lançant son propre syndicat. En tout l’Algérie comptait au 31 décembre dernier, 66 organisations syndicales agréées. Le chiffre a été livré par la délégation algérienne, le 11 mai dernier, à Genève, à l’Examen périodique universel des droits de l’homme.