Après un hiver très pluvieux, les pluies ont nettement diminué en intensité en mars-avril 2015. Résultat : un début de sécheresse qui menace la récolte de céréales. Cette situation rappelle la nécessité de développer l’irrigation d’appoint, pour parer à aux incertitudes météorologiques mais aussi pour augmenter le rendement par hectare.
L’inquiétude commence à gagner le monde agricole en Algérie. Un début de sécheresse menace, en effet, les céréales dans de nombreuses régions du pays, avec des pluies nettement insuffisantes durant le mois de mars et, surtout, durant la première moitié du mois d’avril.
L’inquiétude est d’autant plus grande que ce manque de pluie survient à un moment crucial de la saison, celui où la température commence à monter, alors que les plants de céréales ont besoin d’eau pour assurer un bon développement des épis. C’est la menace la plus redoutée par les fellahs : la sécheresse de fin de saison, qui peut transformer une saison prometteuse en cauchemar, comme cela s’était passé en 2014, lorsque près de 800.000 hectares de céréales avaient été tout simplement abandonnées dans plusieurs wilayas de l’est à cause de la sécheresse, selon des statistiques du ministère de l’Agriculture.
Pour les fellahs, la déception est d’autant plus grande que le manque de pluie actuel se fait ressentir après une période de pluies abondantes. De mémoire de fellah, on ne se rappelle pas avoir connu autant de pluie au cœur de l’hiver.
Irrigation d’appoint insuffisante
Ce retournement de tendance intervient, en effet, après un épisode pluvieux remarquable, qui s’est étalé sur une quarantaine de jours, entre la mi-janvier et fin février. Des précipitations abondantes avaient été enregistrées dans tout le nord du pays, permettant de remplir les barrages et de reconstituer les nappes. Pour l’irrigation et l’eau potable, le pays est paré à affronter les rigueurs de l’été.
Ce n’est pas le cas pas pour les céréales où l’irrigation d’appoint n’existe pas encore. Pour l’heure, toutefois, l’espoir demeure : il suffirait de quelques jours de pluie, à une quinzaine de jours d’intervalle, pour assurer une bonne récolte. Cet espoir est entretenu par de possibles pluies de fin de saison, fin avril-début mai, ce qui permettrait à la production de céréales de rebondir, après les piètres résultats de 2014, lorsqu’elle avait enregistré 49 millions de quintaux, le plus faible résultat depuis 2008.
Initiatives locales
La plupart des spécialistes plaident, d’ailleurs, pour le développement de l’irrigation d’appoint, qui permettrait d’assurer des rendements élevés et de réduire la marge d’incertitude. Des fonds ont été alloués à ces projets, mais des chiffres contradictoires circulent concernant aussi bien ce qui a été réalisé que les objectifs à atteindre. Le ministère de l’Agriculture parle d’un million d’hectares irrigués dédiés aux céréales, ce qui permettait d’atteindre la production actuelle assurée sur 3,5 millions d’hectares. Ces investissements lourds et une organisation très complexe doivent être mis en place.
Sur le terrain, les fellahs ont largement devancé les projets du gouvernement comme le montre cette vidéo sur l’irrigation des champs de céréales à la mi-avril 2015, dans la plaine du Chéliff.
Là, les fellahs s’équipent sur leurs propres fonds, en dehors des structures de l’Etat. Ils réalisent des rendements supérieurs à 50 quintaux à l’hectare, contre moins de trente quintaux pour les terres non irriguées, en utilisant du matériel pourtant inadapté, car destiné à l’origine à la pomme de terre.