En partisan convaincu de la convertibilité du Dinar, Ali Benouari candidat déclaré aux prochaines élections présidentielles, propose une réforme monétaire et fiscale calquée sur le modèle turc qui va créer un Dinar fort que les Algériens voudront garder. « Un Dinar digne, convertible qui donne de la fierté aux Algériens dans leur pays », a-t-il plaidé mardi sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.
«Une refonte totale et progressive » du système de gouvernance qui s’étale sur 5 ans. C’est ce que prône Ali Benouari, ancien ministre algérien du Budget et candidat à l’élection présidentielle d’avril 2014 qu’il désigne sous le vocable de « transition pacifique ». Concrètement, Benouari part du constat selon lequel le pays est voué « à la disparition » du fait de la gouvernance économique actuelle basée sur la rente pétrolière et les subventions tous azimuts. Selon lui, avec l’augmentation exponentielle de la consommation interne, l’Algérie n’aura plus de surplus à dégager pour financer ses importations à l’horizon 2019. « C’est la famine, la guerre civile…c’est le pays qui disparait », dit-t-il sous un ton alarmiste.
La priorité de son programme repose donc, sur la réforme du système de gouvernance, en brisant le lien « paternaliste » des gouvernants envers les gouvernés, hérité de la période post-indépendance. Il opte pour des réformes politique et constitutionnelle à travers la séparation des pouvoirs sous un régime parlementaire à l’helvétique où les magistrats seront élus.
Réformes fiscales sur le modèle turc
Sur le plan économique, la réforme monétaire et fiscale est au cœur de son programme. S’inspirant du modèle de réforme monétaire et fiscale turc porté par l’ancien premier ministre Turgut Ozal, Benouari explique que sa réforme va permettre une meilleure allocation financière et monétaire du pays, en se basant essentiellement sur la convertibilité du Dinar qui peut, selon lui, engendrer un rapatriement des devises de l’étranger. « C’est un pari qu’on peut réussir », dit-il. L’autre proposition-phare de cette réforme est l’instauration d’un taux d’imposition unique à 10 % à toutes les entreprises.
Financer l’économie par l’argent sale de l’informel
Selon lui, moins d’un quart des revenus proviennent de la fiscalité ordinaire, alimentée essentiellement par le salariat qui paie près de 400 milliards de DA en impôts sur le revenu, alors que le privé algérien qui contribue au PIB national à hauteur de 80 % et 1 à 3 % des recettes fiscales du pays. « C’est un immense scandale », tonne-t-il. La première décision urgente serait, selon lui, de réduire l’imposition à un taux zéro, puisque cette décision aurait un impact nul sur les 7000 milliards de Dinars de fiscalité récoltés chaque année, l’imposition des salariés et du privé algérien ne représentant pas grand-chose dans cette masse.
Pour lui, la réforme monétaire et fiscale va aussi permettre de « recycler » la masse monétaire en circulation dans le circuit informel engendrant de fait un recul du poids de la fiscalité pétrolière. « Et sans création de pression inflationniste, cet argent pourra financer 48 fonds de développement régionaux qui permettraient de créer 1 million de PME en moins de 5 ans », précise-t-il. Selon Benouari, le recyclage de «l’argent sale pour un objectif noble, qui est celui de financer l’économie nationale » permettra de générer plus de revenus fiscaux pour le Trésor. Mieux encore, explique-t-il, cela va entrainer une baisse de l’inflation puisque le Trésor va se nourrir des fonds existant sur le marché noir pour financer l’économie.
L’Algérie au G20 dans 20 ans
Ali Benouari estime qu’en appliquant des réformes audacieuses, l’Algérie pourra accéder au cercle restreint des pays du G20 au moins de 20 ans, à l’image de la Turquie, qui a introduit des réformes similaires il y a 15 ans et qui en ont fait aujourd’hui, une puissance économique. Selon Benouari, c’est grâce à ses performances économiques que la Turquie conduit actuellement une politique étrangère «hardie». L’Algérie ne peut par contre assumer un leadership dans le monde arabe et plus particulièrement au Maghreb, en raison de sa « posture d’Etat faible » adoptée ces dernières années. « Si l’Algérie adopte l’attitude d’un Etat faible, avec un président malade et une économie extrêmement travestie, elle ne peut pas soutenir avec vigueur une politique étrangère solide et assumer un leadership au Maghreb », a-t-il résumé.