Sitôt la candidature du président Bouteflika déposée au Conseil constitutionnel, le patron du groupe privé des travaux publics ETRHB, Ali Haddad, a réuni lundi à l’hôtel El Aurassi, des membres influents du Forum des chefs d’entreprises (FCE), a constaté Maghreb Emergent sur place.
Connu pour être un fervent soutien au président Bouteflika, Ali Haddad, a fixé deux points à l’ordre du jour de cette réunion informelle, organisée au restaurant « Daqdaq » du grand hôtel algérois : mettre la pression sur les patrons pour pousser le FCE à déclarer publiquement son soutien au 4e mandat lors de l’AG du 13 mars et lever des fonds pour le financement de la campagne du président-candidat. Selon un membre du FCE qui s’est confié à Maghreb Emergent, l’assemblée générale convoquée pour le 13 mars sera exclusivement consacrée à ces deux points, quitte à provoquer une scission au sein de l’organisation patronale la plus influente dans le pays.
Car pour cette réunion de ce lundi à laquelle 200 membres du FCE ont été invités, seuls une vingtaine d’entre eux ont répondu présents. Parmi eux, Réda Hamiani, Omar Ramdane, Brahim Benabdeslem, et une poignée d’hommes d’affaires à l’instar de Mohamed Laid Benamor, patron du groupe agroalimentaire Benamor et le concessionnaire automobile Mohamed Bairi, patron du groupe Ival.
Précaution écrite
Pour la réunion de lundi, son initiateur a pris le soin de distribuer des engagements écrits aux membres du FCE, dans lesquels chacun promet de verser un montant qui doit varier « entre 500.000 et 50 millions de DA » pour financer la campagne de Bouteflika. Le document portant le nom du « contributeur » et le montant de son « engagement » dument rempli et signé par les patrons devait, in fine, mesurer le degré de « dévouement » au président Bouteflika. Un membre du FCE explique à Maghreb Emergent la raison de cette précaution « écrite » de Ali Haddad : « Lors de la première opération formelle du genre organisée en 2009, à la veille de la réélection de Bouteflika pour son 3e mandat, le FCE n’a pu collecter que 10 millions de DA. Une somme insignifiante comparativement au chiffre d’affaires que cumulent les membres de l’organisation ».
« Racket »
Si certains patrons n’hésitent pas à afficher ouvertement leur soutien au président Bouteflika, de nombreux autres parmi les membres du FCE ne veulent pas se « mouiller » publiquement dans le débat politique autour de cette présidentielle et encore moins en financer la campagne d’un des candidats. Ce qui explique le report à deux reprises de l’Assemblée générale de l’organisation pour trancher sur cette question et cette levée des fonds au profit du président candidat qu’ils considèrent comme une opération de « racket ». «Certains soutiennent Bouteflika mais ne veulent pas le faire de cette manière. D’autres refusent carrément, » ajoute notre source.
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