Les organisateurs de ce forum, dont les travaux commencent demain, ont reçu un courrier explicatif du retrait du Forum des chefs d’entreprises. Détail gênant : les Ivoiriens comptent les gestes de solidarité après l’attentat du Grand Bassam qui a fait 18 victimes.
L’Africa CEO Forum d’Abidjan a-t-il manqué de considération à Ali Haddad, le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE) en ne prévoyant pas son intervention dans sa session protocolaire inaugurale ? Il semble en tout cas que ce « manquement » a suffi à déclencher le courroux de l’homme d’affaires algérien qui a adressé un courrier aux organisateurs pour décliner l’invitation après l’avoir accepté pour le forum, qui se tient les 21 et 22 mars dans la capitale ivoirienne.
Une source proche de l’organisation patronale algérienne a évoqué également un changement d’agenda lié à la situation en Côte d’Ivoire après l’attentat du 13 mars dernier au Grand Bassam qui n’a pas permis au président Ivoirien Alassane Ouattara de recevoir le président du FCE et ses accompagnateurs. Une délégation du FCE présidée par Ali Haddad avait été reçue par le Premier ministre éthiopien en février dernier, en marge du 10 e Sommet économique Afrique-Etats Unis.
Un membre de la direction du FCE a affirmé à Maghreb Emergent que les organisateurs de l’Africa CEO Forum d’Abidjan, n’ont pas pris en considération l’importance de son organisation et de l’économie algérienne dans l’agencement de ses travaux. « Si nous n’avons pas la parole en bonne position pour parler de l’attractivité de l’Algérie et des performances de ses produits, cela ne nous intéresse pas de faire seulement du networking dans ce forum comme ont l’air de nous le suggérer les organisateurs », a expliqué la source du FCE. Un courrier en bonne et due forme a été adressé au comité d’organisation pour déplorer cet état de fait et en tirer les conséquences : la non-participation de la délégation du FCE à cette édition.
Une mauvaise évaluation politique
La décision du FCE a-t-elle tenu compte du contexte particulier dans lequel a basculé la Côte-d’Ivoire depuis le dimanche 13 mars et l’attaque terroriste sur la plage du Grand Bassam, à 45 kilomètres d’Abidjan ? Il semble que non. Les autorités ivoiriennes ont assuré très rapidement les organisateurs du Africa CEO Forum 2016 de sa tenue en dépit de l’émotion soulevée dans le pays par cet attentat revendiqué par AQMI qui a fait 18 victimes.
Les ivoiriens sont très sensibles aux marques de solidarité africaines dans ce contexte tendu, et la participation à l’Africa CEO Forum en est une. Le président Ouattara aurait d’ailleurs demandé à être informé des désistements. La délégation du FCE et celle du patronat de l’Île Maurice étaient les seules à avoir annulé leur participation. Sans doute pas pour des raisons similaires.
Le membre du FCE a voulu dédramatiser la décision de ne pas aller à Abidjan : « D’autres chefs d’entreprises algériens, y compris des membres du FCE, seront présents ». Il reste que le choix du président Haddad exprime assez clairement l’incapacité de l’Afrique subsaharienne à devenir une grande priorité pour les organisations patronales algériennes. Le FCE avait prévu de lancer avant la fin de l’année 2015 un Forum d’affaires africain d’Alger sur le modèle de celui de Casablanca qui rassemble chaque année les acteurs de l’économie continentale. Plus personne n’en parle.
Pour sa part, l’Africa CEO Forum ne se manque pas pour toute organisation qui songe sérieusement à implanter des entreprises membres sur un terrain ou « l’écart avec l’offre de produits et de services marocains ne peut être comblé avant deux décennies » selon un officiel algérien présent sur le continent. En 2015, l’Africa CEO Forum d’Abidjan a regroupé 1.300 entreprises africaines et 500 PDG venant de 63 pays.