Trois interpellations en dix jours n’ont pas affecté le moral d’Amira Bouraoui, porte-parole de Barakat (ça suffit !), le mouvement des algériens indignés contre le 4ème mandat de Bouteflika. Barakat appelle à un nouveau rassemblement dans la matinée du jeudi 6 mars devant la fac centrale d’Alger.
Pour Amira Bouraoui, l’icône anti-4e mandat du président Bouteflika, «l’Algérien n’est pas mort, il réfléchit et il n’est pas d’accord». Cette spécialiste en gynécologie obstétrique dans un hôpital public est engagée dans un combat acharné mais pacifique contre «l’option Bouteflika 4», qui semble avoir fait consensus au sein du régime. Elle assure avoir reçu des milliers de messages de soutien de concitoyens qui «veulent un changement et qui croient en nous». Une sympathie citoyenne qui conforte sa détermination à poursuivre le combat l’interpellation de Amira Bouraoui et des militants du mouvement « Barakat » a été «brutale » alors qu’il ne s’agissait même pas d’un sit-in. . Mardi, devant le Conseil constitutionnel,
Le soutien des policiers
Malgré la brutalité de la répression des rassemblements que le mouvement Barakat a lancé jusque-là, Amira Bouraoui confie avoir découvert aussi dans les commissariats «que des policiers partagent le sentiment des indignés». « Dans les commissariats, des policiers disent qu’ils appliquent les ordres mais que s’ils ne portaient pas de tenues, ils seraient avec nous pour les mêmes revendications », a-t-elle confié à Maghreb Emergent.
Amira Bouraoui n’en est pas à ses premières actions de protestations contre le règne de Bouteflika. Elle s’est engagée dans le combat démocratique «depuis le viol de la constitution et la levée de la limitation des mandats» en novembre 2008. Elle a été aussi parmi celles et ceux qui se sont indignés contre l’augmentation de salaires accordée aux députés pour l’adopter. Or, la limitation des mandats est impérieuse, selon elle, car un président doit gérer le pays en songeant que son mandat prendra fin et qu’il aura des comptes à rendre. « Un président monarque qui veut mourir sur le trône, cela est inadmissible en Algérie, » ajoute-t-elle.
Bezzaf, Barakat…
C’est cette indignation qui a commencé à s’exprimer sur les réseaux sociaux que porte le mouvement Barakat. « Le troisième mandat était déjà très lourd à porter, on ne s’attendait pas du tout à ce que l’on pousse l’affront jusqu’à un quatrième mandat, » alors que les élections pouvaient être un «grand espoir de changement et de transition. ». Trop, « Bezzaf », l’expression commune des Algériens se conjugue désormais chez les activistes avec « Barakat », ça suffit. « Le mouvement Barakat est né après le premier sit-in devant l’université de Bouzaréah. Barakat, tous les Algériens le disent, même ceux qui ont pu avoir de la sympathie pour Bouteflika nous disent que là, il exagère ! ». Les membres de Barakat se connaissent depuis des années à travers Facebook et ont déjà participé à des actions contre des arrestations arbitraires. Ils ont décidé de passer à l’action après l’annonce de la candidature du président Bouteflika aux élections du 17 avril. «Nous avons tous décidé de dire non ! Que ce n’était pas possible d’aller vers un quatrième mandat, d’autant plus que son état de santé est précaire».
Les rassemblements organisés par Barakat ont-ils eu l’impact attendu auprès de l’opinion publique ? Amira Bouraoui n’en doute pas. « Ils ont permis de montrer que nous sommes nombreux à partager les mêmes convictions et que nous ne pouvons pas tout accepter. L’Algérien n’est pas mort, il réfléchit et il n’est pas d’accord.» Et il le dit. Jeudi, à 11 heures, Amira Bouraoui sera devant la fac centrale pour le redire encore une fois.