Dans un entretien accordé exclusivement aux deux quotidiens algériens ,El Watan et El Khabar, le P-DG de l’Agence nationale d’édition et de publicité (ANEP), Larbi Ouanoughi, a évoqué dans le détail un nombre de dossiers liés à des malversations , qui se sont produites durant les 20 dernières années.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les chiffres sont frappants, à l’image des 4000 milliards de centimes injectés dans quelques titres de presse écrite depuis 2016.
Ouanoughi a révélé que l’ANEP a eu à gérer un portefeuille de plus de 15 000 milliards de centimes ces 20 dernières années, dont près de 5000 milliards de centimes de créances ont été perdues !
Le nouveau patron de l’agence nationale de publicité estime que son organisme « a fait l’objet de monopole par des groupes d’influence au pouvoir qui ont fait main basse sur l’ANEP». « Les services de l’ANEP travaillaient dans une anarchie indescriptible qu’il est difficile de savoir ce qui s’y est passé ». D’après lui les caisses de l’ANEP sont vides, à cause « du cumul de la mauvaise gestion, qui fait que l’argent de l’agence n’est pas dans ses caisses mais à l’extérieur ».
Il a également souligné le fait que plusieurs services enquêtent depuis plus deux mois sur les malversations qui s’y sont déroulées, notamment les services de la Gendarmerie nationale, l’Inspection générale des finances, une commission d’enquête de l’ANEP et un audit interne mené par la même agence appuyée par des experts extérieur. « Les premiers éléments et résultats sont effarants voire effrayants. Les services de la gendarmerie de Bab J’did ont commencé à convoquer les cadres qui sont impliqués directement » rapporte le quotidien EL Watan.
Selon lui, l’agence a des créances qui s’élèvent à 4300 milliards de centimes, plus ou moins recouvrables. «Près de 5000 autres milliards sont définitivement perdus parce que ce sont des créances anciennes» a ajouté Ouanoughi qui a affirmé que celles-ci remontent à la fin des années 1990.
Larbi Ouanoughi, a notamment mis l’accent sur les conflits d’intérêts qui ont eu lieu, révélant que l’ancien ministre de la Communication, Djamel Kaouane, « figure dans le registre de commerce du groupe Le Temps de Ali Haddad ». « Le conflit d’intérêts est flagrant», estime le PDG de l’ANEP. Selon lui, le ministre en question était en même temps dans la fonction publique et dans une entreprise économique privée. Il a aussi cité l’ancien Directeur général de l’ANEP, Amine Ichikr, « dont l’épouse est propriétaire du journal Reporter qui a bénéficié entre 2016 et 2019 d’une manne publicitaire de 54 milliards de centimes ».
Ouanoughi ne s’est pas arrêté là mais a donné les détails des montants distribués à quelques quotidiens ces dernières années ; voici les titres et les chiffres rapportés par le quotidiens francophone El Watan :
Ennahar (journal) 120 milliards de centimes, entre 2012 et 2015 et 115 milliards de centimes entre 2016 et 2019 (235 milliards de centimes). Le journal El Bilad, 40 milliards de centimes entre 2016 et 2019. El Balagh, 30 milliards de centimes. La Dépêche de Kabylie, 23 milliards de centimes. Reporter, 54 milliards de centimes. Le journal El Hayet, 12 milliards de centimes. La Tribune des lecteurs : plus de 28 milliards de centimes entre 2016 et 2019 et 31 milliards entre 2012 et 2015.
Manbar el koraa près de 32 milliards entre 2016 et 2019, 19 milliards de centimes entre 2012 et 2015 (110 milliards de centimes. El Adjouaa, 6 milliards de centimes. Le Jour d’Algérie, près de 46 milliards de centimes entre 2016 et 2019 et 46 milliards entre 2102 et 2015, et Les débats, 43 milliards de centimes entre 2016 et 2019. La Tribune qui a cessé de paraître en 2017, 56 milliards entre 2012 et 2015. La Nouvelle République a reçu 43 milliards de centimes en publicité entre 2012 et 2015. Le journal Echourouk a bénéficié d’une manne publicitaire de 140 milliards de centimes entre 2012 et 2015 et plus de 39 milliards entre 2016 et 2019. El Khabar, près de 35 milliards de centimes entre 2016 et 2019 (173 milliards de centimes).