Il n’est plus nécessaire, désormais, de justifier du statut de chômeur pour prétendre au dispositif Ansej. En effet, un vent de changement souffle sur l’Ansej, dont la dénomination même connaîtra un changement sous peu.
L’Agence nationale de soutien à l’emploi des jeunes (ANSEJ) et le dispositif de création d’activité, dont elle a la charge, sera incessamment remplacée par la désignation « Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat »
C’est ce qu’annonce le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la micro-entreprise, Nassim Diafat qui a, dans un entretien accordé à l’APS, évoqué une batterie de mesures qui vont révolutionner le fameux dispositif d’aide à la création d’emploi Ansej. Diafat a, ainsi, révélé que parmi ces mesures décidées par les pouvoirs publics, figure la révision des conditions d’accès au dispositif d’appui et de développement de l’entrepreneuriat à travers la suppression de la condition de chômage.
De même qu’il ajouté que ces amendements, prévoient l’élargissement du dispositif aux salariés ou aux étudiants souhaitant se convertir en entrepreneurs et l’octroi du bénéfice des avantages accordés, au titre de l’extension des capacités de production, à d’autres promoteurs qui sont financés par d’autres mécanismes (artisans, promoteurs ANGEM, agriculteurs et autres détenteurs de registre de commerce).
Une démarche plus économique que sociale
Autant dire que l’Ansej ratisse large, et tourne le dos à la logique purement sociale pour faire valoir le seul credo économique. « Le gouvernement est résolu à tirer pleinement profit du potentiel humain que représente notre jeunesse, à travers l’adoption d’une nouvelle démarche purement économique, basée sur la croissance, qui constitue une rupture avec l’approche purement sociale adoptée par le passé, notamment dans la création des micro-entreprises », a dans ce sens expliqué Diafat.
Le même responsable a en outre cité l’octroi d’un prêt non rémunéré supplémentaire (prêt crédit d’exploitation) pour permettre aux micro entreprises de faire face aux difficultés de trésorerie lorsqu’elles accèdent aux marchés publics, alors que celles en difficulté pourront bénéficier d’un refinancement pour qu’elles puissent réhabiliter et relancer leurs activités.
Selon la même source, le Fonds de garantie a été chargé d’apporter son soutien aux micro-entreprises en difficultés, notamment celles n’ayant pas les moyens pour réhabiliter leurs activités, à travers le rachat de leurs créances dues aux banques.
Le traitement des dossiers de ces entreprises sera effectué selon les cas, puisque celui-ci peut aller jusqu’au recouvrement des dettes avec des délais étendus à l’effacement total des créances pour certaines catégories à l’instar des micro-entreprises sinistrées à cause des catastrophes naturelles, où le décès du promoteur, a poursuivi Diafat.
Création de zones d’activités dédiées exclusivement aux micro-entreprises
Face à la contrainte rencontrée par les jeunes entrepreneurs en matière d’accès aux locaux, le ministère délégué a retenu deux options complémentaires comme mesure d’accompagnement devant permettre à ces entités de confirmer leurs compétences sur le terrain.
Il s’agit pour la première de la réservation et d’affectation de locaux de l’AADL et des OPGI au profit des jeunes promoteurs. Pour ce faire, une convention a été signée avec le ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la ville en novembre 2020, visant notamment, la réservation d’une partie des marchés publics au micro-entreprises et la mise à leur disposition des locaux de l’AADL et des OPGI, pour abriter leurs activités.
La deuxième option concerne la création de micro-zones d’activités spécialisées aménagées pour abriter les activités des micro-entreprises sous forme locative. Cela va permettre, selon Diafat, de surmonter le problème d’accès de ces entreprises aux locaux et d’assurer le regroupement d’activités complémentaires pour la création de chaînes de valeur, visant le développement de certains secteurs économiques. L’élargissement du financement des micro-entreprises au mode de la finance islamique et au financement participatif, est également prévu dans le cadre de la nouvelle stratégie, qui prévoit aussi des programmes de formation en direction des porteurs de projets et promoteurs, en vue de les préparer au monde entrepreneurial et renforcer leurs capacités managériales.
Des avantages attractifs seront accordés aux jeunes dans les zones d’ombre
Par ailleurs, Diafat a annoncé que des avantages attractifs seront accordés aux jeunes pour lancer leurs projets et activités dans les zones d’ombre, dans le cadre du dispositif mis en œuvre par l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat.
Le ministre délégué a précisé que des actions de sensibilisation et d’information en direction des populations des zones d’ombre, dans le but d’intéresser les jeunes et de les attirer vers la création de projets répondant aux besoins de ses populations, ont été réalisées entre le 1er juin et le 31 novembre 2020 par l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat, en collaboration avec les autorités locales et les représentants de la société civile. En dépit des contraintes imposées par la situation sanitaire, cette opération qui est toujours en cours de réalisation a concerné durant cette période 1.857 zones d’ombre relevant de 749 communes, a ajouté le Diafat.
Avec le concours des secteurs et des collectivités locales, les services du ministère délégué chargés de la micro-entreprise œuvrent actuellement sur l’identification des besoins par localité et par zone pour permettre l’orientation des porteurs de projets vers la création de projets, tenant compte des potentialités de chaque région, a souligné également Diafat.
« Dans ces zones, généralement vierges, tout est à construire », a-t-il fait remarquer, soutenant que « les opportunités de création d’activités ne sont pas négligeables, et ce, dans tous les domaines, tels que les services, l’agriculture, l’artisanat ».Les autorités publiques sont, en outre, disposées à accompagner les jeunes entrepreneurs qui interviennent dans la réalisation des programmes de développement prévus au profit de ces zones spécifiques, à l’exemple de projets du raccordement aux réseaux d’électrification, de gaz naturel à la construction de routes, a-t-il assuré. À ce propos, le ministre délégué a rappelé que cette opération s’inscrit dans le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui s’était fixé comme objectif « l’élimination définitive des disparités de développement » et de lutter contre «la pauvreté dans les régions défavorisées.
Dans cette optique, Diafat a affirmé que « les ressources et les richesses du pays seront réparties équitablement entre les wilayas sans discrimination entre les régions ».