L’Algérie a officiellement fait part de son intention de ne pas renouveler le contrat portant sur le Gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui expire le 31 octobre prochain. A cette même date, expire également les contrats de vente de gaz algérien à l’Espagne et au Portugal via le GME. Cela pourrait-il être une occasion pour l’Algérie de renégocier ses prix avec ses clients européens, du moment que les tarifs du gaz naturel ont atteint des sommets.
Selon Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris, et aussi expert international en énergie, « on imagine mal l’Algérie et Sonatrach vendant des volumes de gaz à l’Espagne à des prix très élevés après l’arrêt des exportations via le GME ».
L’expert explique, dans un entretien accordé au quotidien national Liberté, que les volumes insuffisants du gaz, via le Medgaz, seraient livrés sous forme de GNL, mais on ne le sait pas à quel coût ? « En théorie, les prix pourraient être beaucoup plus élevés puisque les prix du gaz naturel sont actuellement sur une forte tendance haussière. Mais, c’est la théorie », a-t-il souligné.
Pour Francis Perrin, la hausse du prix de vente du gaz algérien à ses clients, « ne serait pas une bonne façon de traiter un très bon partenaire. En revanche, nous n’avons pas actuellement d’informations précises sur le prix de ces futures livraisons ». L’expert estime, par contre, que les négociations algéro-espagnoles « porteront, bien sûr, largement sur ce point-clé ».
Dans ce même contexte, Perrin explique que les contrats d’achat et de vente de gaz contiennent des clauses d’indexation, ce qui permet à l’exportateur de profiter, dans une certaine mesure, de la hausse des prix de l’énergie. « Ces contrats permettent également de réviser cette question-clé des prix après quelques années. Et il est possible de vendre des cargaisons de gaz hors contrats pour profiter des prix actuels, qui sont très élevés, si on dispose des volumes nécessaires », a-t-il indiqué.
Mais pour l’expert en énergie, il ne faut pas oublier que l’on ne peut pas gagner à tous les coups. « Si un exportateur cherche à imposer des prix très élevés, il peut mécontenter ses clients et ceux-ci vont alors regarder ailleurs et, parfois, pour longtemps », a-t-il averti.
Il explique que dans le contexte actuel, on peut, certes, obtenir des prix plus élevés avec des livraisons spot ou à court terme, « mais avec des contrats à long terme, on sécurise des marchés pendant un grand nombre d’années, ce que l’on ne peut évidemment pas faire avec des ventes à court terme ».
Perrin rappelle que l’Algérie a fait le choix de privilégier des relations à long terme avec ses clients, notamment en Europe, pour ses exportations de gaz naturel. « On ne peut pas se contenter de regretter que le pays ne puisse pas actuellement profiter de prix plus élevés en oubliant les avantages des contrats à long terme », a-t-il souligné en concluant ; « on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre ».