Le président Bouteflika et le général de corps d’armée, Ahmed Gaïd Salah ont-ils des mails et des comptes Facebook ? La question-boutade a été posée par Abed Charef au dernier Café Presse Politique de RadioM, la web radio d’Interface médias tenu le 28 octobre 2015. Pince sans rire, Charef a répondu à sa propre question : « ils n’en ont probablement pas. S’il y avait eu une rupture de telex ils auraient peut-être réagi ». Il a été beaucoup question de la déconnexion de l’Algérie avec le monde au cours de l’émission.
La rupture du câble entre Marseille et Annaba qui a mis l’Algérie des réseaux sociaux en « H.S » n’a pas eu d’incidences économiques majeures. Les aspects techniques ont été bien détaillés par Farid Farah qui souligne au passage qu’Algérie Télécom souffre d’une absence de stratégie numérique.
Les Algériens se connectent pour prendre du contenu à l’extérieur, via Facebook et YouTube notamment, et ne disposent pas d’une contenu algérien qui aurait pu, s’il représentait 50%, faire que la panne passerait presque inaperçue.
Akram Kharief, directeur du site Secret Difa3 souligne pour sa part qu’il y a un effet de la situation de monopole et note que ceux qui ont des sites ont des craintes légitimes : héberger son site en Algérie pose un problème de confiance.
Ihsane El Kadi évoque un Tiguentourine numérique où une vision surannée « exclusivement militaire » de la sécurité et de la souveraineté nationale maintient le domaine dans un état de sous-développement. « On est resté complètement coincé dans la lutte antiterroriste des années 90 ».
Tiguentourine numérique
Les participants étaient d’accord pour souligner que l’impact économique de la panne a été marginal, l’économie étant très peu numérisée. Le problème est technique mais aussi politique. « On est à un siècle de retard » souligne Akram Kharief. El Kadi Ihsane n’est pas d’accord et relève que l’Algérie à un avantage concurrentiel en raison du coût de l’énergie. Il « manque une décision politique ».
Les émetteurs sur le web préfèrent être hébergés à l’extérieur car il y a une question de confiance politique. « Si on est dans un système de droit ou je ne serais pas embastillés comme le général Benhadid je serais le premier à venir au domaine dz ».
Divergences
Déconnexion encore avec le recul enregistré dans le classement de l’Algérie dans le Doing Business. Et pourtant, le gouvernement prend des mesures destinées à améliorer le climat des affaires sans que cela ne se traduise sur le terrain. Le gouvernement n’a pas les instruments pour agir, «on risque encore de parler de parler du foncier industriel dans 20 ans » note Charef. Là également, la dimension politique de l’incapacité du gouvernement à traduire dans la réalité les mesures qu’il annonce est soulignée.
Le CPP a terminé par une discussion brève sur le Zéralda II annoncé par la CLTD. Des analyses fortement divergentes sur la capacité de ce regroupement politique se sont exprimées. Il a été également question, une autre fois, de Mouloud Hamrouche et de l’armée… Au CPP, on a évoqué des questions graves, ce qui n’exclut pas la bonne humeur, l’humour et même les fous rires. A bon écouteur…