La sortie du président Tebboune au sujet du dossier de l’automobile ne laisse pas présager de progrès sur ce dossier dans le proche avenir.
Abdelmadjid Tebboune a répondu « très compliqué » à une question de Nacer Belhadjoudja qui voulait savoir si le dossier du nouveau cahier des charges automobile, qui traine depuis deux ans, était quelque chose de « compliqué ». Il s’agissait en premier lieu du volet industriel du cahier des charges dans la bouche du président. Il s’est attardé sur les causes de l’échec de l’expérience interrompue du SKD-CKD –« trois milliards de dollars évaporés » – pour déplorer ce que l’Algérie savait faire il y’a trente ans (moteur et boite de vitesse) et qu’elle ne sait plus faire aujourd’hui. Ce qui n’a pas empêché Abdelmadjid Tebboune de conforter l‘exigence d’un taux d’intégration de 30% dès la première année, « il faut que l’assemblage automobile nous fasse entrer dans l’industrie », at-il dit. Il s’est réjoui de la production de pneus en Algérie, mais demande à la sous-traitance de prospecter les autres composants qui permettent cette intégration pré-requis pour relancer une activité industrielle dans la filière automobile. Pour l’avenir, Tebboune a affirmé : « Il faut arrêter la chute ». Sans que l’opinion n’en sache plus sur comment cela va se faire. Le statu quo étant donc durablement assumé pour la reprise d’une autre expérience industrielle du véhicule en Algérie.
Compliqué pour les importations aussi
Si le volet industriel paraît, depuis longtemps, compromis après le sort réservé aux constructeurs étrangers, dont l’activité a été stoppé en 2019-2020, les professionnels du véhicule ne s’attendaient sans doute pas à ce que Abdelmadjid Tebboune poursuive son énuméré des « barrières à l’entrée » lorsqu’il s’est agi de la reprise des importations du véhicule neuf. « Nous avons la possibilité d’importer directement des voitures assemblées. Mais il faut que les concessionnaires comprennent que ce qui se passait avant est une ère terminée ». Il a critiqué une grande enseigne européenne sans la citer qui ne fournissait la pièce détachée qu’après une semaine. Pour arriver à l’exigence : « Pas de service après vente, pas d’importation ». Et d’ajouter que la présence des concessionnaires distributeurs doit être effective « sur au moins la moitié des wilayas du pays (…) c’est cela le cahier des charges. Cela suppose avoir des capacités. Avoir des locaux ou avoir des contrats qui montrent que le service après vente sera disponible ». Le président a clos sa réponse en affirmant que les choses ne pouvaient pas se dérouler (par rapport aux exigences qu’il a exprimées) « avec cette facilité. Les gens ont pris l’habitude, il y a de l’argent on achète et puis c’est tout ».
Aucun des concessionnaires automobiles que la rédaction de Maghreb Emergent a tenté de faire réagir n’a souhaité commenter à vif les propos présidentiels. Le sentiment partagé est que les agréments ne sont pas prêts d’être accordés pour la reprise des importations du véhicule neuf. Des concessionnaires ont évoqué récemment l’abandon de l’activité faute de perspectives de reprise du marché du véhicule neuf en Algérie.