En lançant la 4G LTE, Algérie Telecom veut atteindre trois objectifs essentiels. Assurer une part de marché dans le très haut-débit pour concurrencer la 3G naissante. Prendre une sorte de revanche sur les opérateurs mobiles qui ont, depuis 2002, grignoté dans le volet téléphonie de l’opérateur historique. Et faire payer les abonnés à la consommation.
En lançant sa 4G LTE (fixe), moins de six mois après le démarrage de la 3G des opérateurs mobiles, Algérie Telecom voulait prendre des parts de marché sur un marché naissant de l’Internet haut et très haut débit. Une sorte de revanche sur les opérateurs mobiles qui ont, depuis 2002, grignoté une importante part de marché à la téléphonie fixe. Que ce soit en zones urbaines, couvertes ou non par le réseau fixe, ou en zones rurales, la 4G fixe (à usage professionnel ou résidentiel) peut facilement être déployée avec des bornes d’une portée de 1500 mètres pour atteindre un maximum d’usager. Cette facilité de déploiement permet à AT d’évoluer sur ce segment du très haut débit au même rythme que les opérateurs mobiles, avec un avantage supplémentaire, celui de savoir cibler les zones (urbaines en particulier) potentiellement demandeuses en connexion sans fil, en raison d’un manque de lignes téléphoniques fixes. Les dizaines voire les centaines de milliers de demandes de lignes fixes non encore satisfaites, sont autant de clients potentiels pour la 4G fixe.
Autre objectif de l’opérateur historique, c’est d’amener les abonnés de la 4G LTE (et probablement ceux qui voudront quitter l’ADSL) à payer ce qu’il consomment en matière de data. Un pas vers la fin de l’illimité qu’Algérie Telecom n’a pu appliquer (jusqu’à maintenant) avec l’ADSL. Avec un tarif d’accès à 3500 DA comprenant aussi bien le modem et la carte SIM 4G LTE, ainsi qu’un « volume de téléchargement de 5Go pour une durée de validité d’un mois », l’offre d’AT reste concurrentielle sur plusieurs aspects. Le premier est la vitesse de téléchargement qui est, théoriquement, deux fois supérieure (au moins) à celle des offres 3G des opérateurs mobiles. Le second aspect concerne la possibilité offerte de rester connecté, pendant le reste du mois, à un débit de 512 Kbps, même après la consommation du crédit. Il faut préciser aussi, comme le souligne l’opérateur historique, que le débit (maximum) de 150 Mbps de la 4G LTE d’Algérie Télécom « est partagé entre les clients connectés simultanément sur une même station radio (EnodeB) ».
Par ailleurs, l’offre 4G LTE d’Algérie Telecom s’aligne sur celles des opérateurs de la 3G, sur deux points. Elle ne permet pas le cumul de la quantité de data qui n’est pas consommée durant le mois. « Le volume de connexion n’est pas cumulable, vous perdez le volume restant », explique AT sur son site Web consacré à la 4G. Et son offre tarifaire (pour les résidentiels), de 1000 DA pour 1 Go, est exactement du même gabarit que celles de la 3G, avec la même exigence d’un engagement d’une « durée minimale de douze (12) mois ». A noter qu’il existe d’autres offres tarifaires pour les résidentielles à 2.500 DA/Mois pour 3 Go, 3.500 DA/Mois pour 5 Go, et 6.500 DA/Mois pour 10 Go. Il reste que pour les amateurs de téléchargements de films, ou les fana de Youtube, une quantité de data de 3 Go est facilement consommée en moins d’une semaine. Surtout quand on sait que « pour le moment, la consultation du volume restant n’est pas disponible », comme le précise AT, avec la promesse de rendre cette consultation « très vite » opérationnelle.
Une 4G LTE urbaine pour l’essentiel
Lancée depuis avril pour les professionnels, et septembre pour les résidentiels, la 4G LTE d’Algérie Télécom est servie dans plusieurs centaines de localités des 48 wilayas du pays. Mais c’est essentiellement en zones urbaines qu’elle est, à ce stade, déployée. Ce qui est loin de la promesse, faite lors de son lancement, de servir les zones enclavées du pays. « Notre réseau 4G LTE est présent au niveau des chefs lieux des wilayas », annonce AT sur le site Web dédié à la 4G.
Sur un fichier de données lisible sur Google Earth, on constate que l’offre 4G LTE est présente essentiellement en zones urbaines ou, du moins, dans les régions où il existe une connexion téléphonique filaire permettant un accès Internet ADSL. Ce constat est largement valable aussi bien pour les wilayas du Nord, à la grande densité de population, comme Alger, Oran, Constantine, Blida, Tizi Ouzou, Sétif, Bejaïa et Tlemcen, mais aussi dans celles du Sud du pays, comme Ouargla, Laghouat, Adrar, Bechar, In Salah, In Guezam et Tamanrasset. Certes, sur la carte Google Earth on peut remarquer que certains « Enodes » (stations radio) de la 4G LTE sont dans des zones rurales où il n’existe pas une grande densité d’habitations. C’est le cas, au nord, à Sidi Bel Abbes (Enode B3 – FID 119 à 121), à Zaatria (wilaya de Tipasa), Chelghoum El Aid, Ras El Bir, dans la wilaya de Constantine, et à Rafana (Batna). Mais également au Sud, notamment dans certaines localités à Timimoun et Ain Salah.
Si le souci de rentabilité (placer les stations radio pour un maximum de partage), il reste que l’opérateur historique ne doit pas se rétracter de sa promesse initiale de rendre la 4G LTE disponible surtout pour les zones rurales non pourvues de téléphonie fixe. Si la 4G LTE n’est disponible que dans les localités ayant déjà le choix entre la 3G et l’ADSL, son déploiement va encore consacrer la fracture numérique entre les zones urbaines et rurales. Si la 4G LTE n’atteint pas les villages (et non pas les grandes agglomérations) de Jijel, Bejaia, Batna, Tlemcen, Tissemssilt, ni les coins reculés des autres wilayas de l’intérieur du pays, où le téléphone fixe relève encore de rêve, elle aura raté l’occasion de donner un sérieux coup de pouce à la société numérique.