Le solde du compte courant de l’Algérie pour 2014 devrait virer au négatif. Les prévisions pour 2015 sont encore plus mauvaises. Cela signifie que le pays dépense plus qu’il ne gagne, selon un rapport de la Banque Mondiale sur les « Subventions Corrosives » dans les pays de la région MENA.
Dans la série « MENA Economic Monitor », le rapport de la Banque Mondiale, intitulé les « Subventions Corrosives », constate que la performance économique de la région MENA en 2014 « est encore plus mitigée, et dans certains cas, plus décevante ». La croissance économique dans cette région devrait être de « 3% pour cette année, mais cette moyenne masque une grande différence » entre les revenus et le niveau développement des pays concernés.
Selon le document, la région MENA, qui représente « 5,5% de la population mondiale », ne dispose que de « 3,3% de son PIB (mondial) » et affiche « 48% de ses subventions à l’énergie » (produits pétroliers, gaz naturel et l’électricité). Ces subventions, introduites dans les années 1970, ont pris des « proportions importantes des économies » de ces pays. « Après la récente série de réformes, les subventions de l’énergie en Egypte, en Tunisie et au Yémen représentent encore plus de 5% du PIB. Les subventions sont encore plus élevés dans les pays exportateurs d’hydrocarbures : l’Algérie, l’Iran, l’Irak et l’Arabie saoudite. Elles dépassent 10% du PIB », indique le document.
Lorsque les ressources le permettent, les subventions ont un impacte moins important sur les finances du pays. Mais en périodes de vaches maigres, marquées par le recul des recettes pétrolières, les subventions plombent la croissance économique. Selon ce rapport, la croissance économique globale de l’Algérie « a été lente en raison d’une baisse de la production d’hydrocarbures ». « Alors que la croissance hors hydrocarbures a été vigoureuse, dépassant 6,5% en moyenne depuis 2010, la croissance globale n’a été en moyenne que de 3% parce que la production d’hydrocarbures a été en baisse. Cela a également eu un fort effet sur le solde du compte courant qui baissé d’un excédent de 6% du PIB en 2012 à un déficit de 0,5% du PIB en 2014 », explique le rapport. Les prévisions pour 2015 ne sont pas bonnes, puisque le document indique que le solde du compte courant de l’Algérie devrait baisser encore jusqu’à atteindre -2,2% du PIB, alors qu’il était, selon la même source, de 9,9% en 2011, 6% en 2012 et 0,3% en 2013. Le solde du compte courant, qui traduit la capacité ou le besoin de financement d’une économie nationale, signifie, s’il est négatif, que le pays dépense plus qu’il ne gagne.
Des aspects positifs, mais…
Quant à la « balance fiscale » de l’Algérie, elle est négative depuis 2011. Cela signifie que le pays est en situation de déficit budgétaire. Entre 2011 et 2012, le déficit de la balance fiscal s’est aggravé de -1,5 à -5% du PIB, avant de revenir à -1,5% en 2013, selon les données du rapport de la BM. Alors que les prévisions pour 2014 et 2015 indiquent une aggravation de la balance fiscale qui atteindra respectivement -3,4 et -4,8% du PIB. « Sur le plan positif, la forte inflation de 8,9% enregistrée en 2012 a été ramenée à 3,3%, alors que le déficit budgétaire a été réduit de 5% en 2012 à 1,5% en 2013 », ajoute le rapport de la Banque Mondiale. Mais, les « perspectives économiques sont pauvres », selon la même source, « à la fois en raison du recul de la production d’hydrocarbures et un environnement économique difficile pour le secteur privé ». « L’économie reste très dépendante du secteur des hydrocarbures qui, en dépit de la baisse de production depuis 2006, représente encore environ un tiers du PIB et 98% des exportations. En outre, dans le secteur non pétrolier, un climat des affaires difficile freine le développement du secteur privé, ce qui compromet les chances de parvenir à une croissance forte, durable, et à la création rapide d’emplois. Les principaux défis auxquels est confrontée la gouvernance de l’économie (de l’Algérie, ndlr) – l’amélioration de l’environnement des affaires, la réduction des subventions, la diversification de l’économie et la création d’emplois du secteur privé – restent pratiquement sans réponse », ajoute le rapport.