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Belkacem Djaballah sur l’ouverture de l’Audiovisuel : « L’acception ‘’thématique’’ va trouver de l’élasticité au fil du temps »

Par Yazid Ferhat
9 janvier 2014
Belkacem Djaballah sur l’ouverture de l’Audiovisuel : « L’acception ‘’thématique’’ va trouver de l’élasticité au fil du temps »

 

L’universitaire Belkacem Ahcene Djaballah revient dans cet entretien sur le projet de loi sur l’Audiovisuel présenté, mardi 7 janvier à l’APN, par Abdelkader Messahel, ministre de la communication. Il estime que l’initiative privée dans l’ouverture du champ audiovisuel était limitée pour ce qui concerne le domaine des chaînes au contenu généraliste, mais elle n’était pas totalement exclue du texte comme le laissent entendre certains députés. Pour ce grand spécialiste des médias, les parlementaires sont les responsables de cet état de fait (de limitation) dès lors qu’ils ont  laissé passer sans trop la contester la loi organique relative à l’Information effective dès janvier 2012.  « Un texte (loi organique) assez compliqué sinon confus et restrictif », dit-il. 

 

Le débat sur le projet de loi sur l’audiovisuel a commencé mardi à l’APN. Les députés ont critiqué le fait que les chaines généralistes relèvent exclusivement du domaine public. Pourquoi, selon vous, cette exclusion de l’initiative privée?

Tout d’abord, il faut préciser que l’initiative privée n’est nullement exclue du texte…..Celle-ci, il est vrai, se trouve quelque peu « limitée » pour ce qui concerne le domaine des chaînes au contenu généraliste.  Je pense qu’il faut certainement s’en prendre surtout aux élus de l’APN (et du Conseil de la nation) qui ont  laissé passer comme une  « lettre à la poste » la loi organique relative à l’Information, un texte assez compliqué sinon confus et restrictif,  sans trop la contester  au temps où le régime d’alors était en « très bonne santé » donc « durable », donc à ménager. Chez nous, les textes sont faits pour ne pas être (toujours) respectés. Il est certain que l’acception du concept « thématique » va trouver de l’élasticité au fil du temps et il n’y a qu’à continuer le forcing pour que les cahiers des charges futurs soient très libéraux. Aux promoteurs de chaînes de faire preuve de génie et d’imagination pour contourner les écueils bureaucratiques. On peut leur faire confiance.

 

La dichotomie Public-Privé revient souvent dans le projet de loi. Pourquoi une telle distinction?

Je ne l’ai pas tellement perçu. Mais si cela existe, il me semble que c’est surtout dû à la préoccupation, de l’obsession presque, quant au devenir de la mission de service public, tant dans le secteur existant (public) que celui à venir (privé surtout). Ne pas oublier, je crois savoir, que le projet de texte ainsi que celui de la loi organique de janvier 2012 a été « travaillé », au ministère de la Communication, avec la participation  d’experts et de consultants pour la plupart issus de l’ancienne école plus ou loin étatiste. Ajoutez-y la pression d’un système assez rebelle aux changements médiatiques et traumatisé par les « exploits » réels ou supposés de la presse écrite privée et/ou du journalisme indépendant.  

 

L’installation d’une Autorité de régulation dont les membres sont tous désignés, dont 5 par le président de la République, est-elle un gage d’une réelle volonté d’ouverture?

C’est vrai qu’il y a un certain déséquilibre dans le nombre au profit de la Présidence de la République. Trop même. Sauf s’il y a volonté de ne pas désigner de simples  porte-voix  du pouvoir  mais des personnalités compétentes et indépendantes connues et reconnues dont des magistrats ou des représentants éminents de la société civile. L’essentiel est surtout dans la qualité des individus : compétents, capables, honnêtes, au service de l’intérêt général, soucieux du progrès de la société, non dogmatiques, en phase avec leur société, non pantouflards….Et, il n’est pas obligatoire de désigner des journalistes et d’hommes de l’audiovisuel, encore que leur présence importante (au moins 50%) est souhaitable. Et, il n’est pas nécessaire de procéder à des élections qui ne garantissent rien comme vous le voyez par ailleurs.

 

Comment voyez-vous l’évolution du secteur audiovisuel après l’adoption de ce projet de loi?

En espérant bien des amendements qui « ouvrent  » et qui « libèrent ». Ceci est possible par exemple : en introduction de la loi mais pas dans le corps du texte, au niveau de l’article incriminé. Autre possibilité : une définition du concept thématique plus ouverte.  Il faut, hélas, se contenter de ce qui est fait. C’est un grand pas car il ne faut ne pas oublier que le paysage est resté fermé à l’initiative privée depuis l’indépendance.  Il faut, après sa promulgation, se mettre à l’ouvrage et continuer à demander plus de libération. On dira ce que l’on voudra, mais au départ, en 1990,  aucun kopeck n’avait été parié sur la presse écrite. Plus de décennies après, le résultat est largement positif, malgré tous les manques et toutes les dérives qui sont dus beaucoup plus aux manipulations diverses et multiples  qu’aux hommes de presse eux-mêmes. Donc, patience et espoir, l’essentiel étant le vouloir !

Propos recueillis par Younès Djama

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