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Benkirane traite les femmes marocaines de « lustres », des associations s’indignent

Par Maghreb Émergent
juillet 31, 2014
Benkirane traite les femmes marocaines de « lustres », des associations s’indignent

La société civile marocaine n’a pas ravalé sa colère à la suite de propos qu’elle a jugé  »dégradants » et humiliants » du chef de gouvernement à propos de la femme au Maroc. Après des manifestations fin juin devant le parlement, elles comptent poursuivre Abelillah Benkirane en justice. Motif: pour lui, la femme de son pays est un lustre de salon.

 

 »Ana Machitria » (je ne suis pas un lustre), c’est sur ce slogan que les féministes marocaines sont sorties fin juin dernier dénoncer les propos qu’elles ont jugé  »humiliants » du chef du gouvernement devant le parlement. Dix ONG dont l’AMDH et l’ADFM ont annoncé avoir déposé une plainte contre le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane pour propos  »humiliants » à l’égard de la femme marocaine. Cette décision est justifiée par le manque de réaction du chef du gouvernement qui n’a pas reconnu le préjudice qu’il porté aux femmes marocaines dans son discours devant le parlement mi-juin dernier. EN fait, ces associations sont irritées car Benkirane ne leur a pas présenté ses excuses. Dans son discours devant les députés marocains sur la politique générale du gouvernement, Benkirane avait notamment regretté l’évolution de la société marocaine qui s’achemine de plus en plus vers le modèle social européen.  » Lorsque la femme est sortie des foyers, ceux-ci sont devenus sombres. Vous qui êtes là, vous avez été éduqués dans des maisons où il y avait des lustres. Ces lustres étaient vos mères », avait notamment regretté le Premier ministre. Suffisant pour soulever un tollé général des associations féministes.

Manifestations 

C’est aux cris  »Benkirane, ça suffit ! », « Benkirane dégage, le Maroc n’est pas à toi ! » que des ONG marocaines des droits de l’homme et de la société civile, ainsi que des acteurs associatifs et des parlementaires avaient manifesté leur colère devant le parlement fin juin dernier. À l’appel de la « Coalition civile pour l’application de l’article 19 de la Constitution », environ 200 personnes, brandissant pour certaines casseroles et cuillères, ont exprimé leur réprobation contre les propos du Premier ministre marocain et chef du parti Justice et développement (PJD, islamiste modéré). Les féministes sont unanimes à considérer que les propos du chef du gouvernement sont “une atteinte à la dignité et aux droits des femmes et une violence verbale explicite du gouvernement”. Sur les réseaux sociaux, c’est le branle bas de combat.  »Ana machitria », (je ne suis pas un lustre) fait fureur sur les différents sites de réseaux sociaux. Abderahim El Jamai, avocat au barreau de Kénitra, ne considère pas cette plainte comme un  »défi à Benkirane. Il ne s’agit pas non plus d’une atteinte à sa personne, cela relève plutôt du droit de la défense », a-t-il ajouté, cité par l’Economiste.

Action en justice

La plainte, déposée au niveau de la cour de cassation, vise surtout à sanctionner les propos de Benkirane à propos de la femme marocaine, qu’il a comparé, selon ces ONG, à  »un lustre de salon qui éclaire la maison ». Appelant la justice à faire preuve d’indépendance dans cette affaire, les ONG plaignantes ne veulent pas que cette plainte  »soit classée sans suite ». «La procédure à la Cour de cassation est tellement complexe que les plaintes sont souvent classées sans suite», a déploré El Jamai. Khadija Roudani, militante associative, préfère anticiper. «Si la justice donne raison au chef du gouvernement, nous sommes prêts à lui verser des dommages et intérêts», a-t-elle indiqué. En clair, le chef du parti de la Lampe, reprocherait aux femmes marocaines de sortir travailler, comme le font les européennes, et laisser leurs demeures vides, sans  »lustre ».

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