Dans cet entretien, l’ex-président de la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH), Me Boudjemaâ Ghechir a qualifié d’inadmissibles l’emprisonnement des citoyens pour des raisons politiques. Il estime que la levée de ces pratiques est un préalable pour entamer les réformes.
Une dizaine de détenus politiques ont quitté la prison jeudi. En votre qualité d’expert en droits de l’homme quelle est votre réaction ?
Sur le plan politique, chaque libération d’un détenu arbitrairement arrêté est un acquis. Il faut dire que ces libérations sont les bienvenues. Les personnes libérées leur place n’est pas en prison. Ils vont enfin, retrouver leurs familles, leurs proches et leurs amis. Nous demandons que tous les autres personnes arrêtées en raison de leurs opinions soient libérées sans conditions. C’est inadmissible qu’on arrête des gens et on les jette en prison parce qu’ils ont exprimé, d’une manière pacifique, une opinion politique. Ces pratiques ne doivent plus exister dans l’Algérie de 21è siècle. Elles sont contraires à la Constitution et aux conventions internationales relatives à la protection et la à la promotion des droits de l’homme ratifiées par l’Algérie.
La libération de Karim Tabbou et Samir Benlarbi par la justice a été annoncée depuis plusieurs semaines par le président du parti Jil Jadid. Quelle lecture à faire sur cette affaire ?
Cette affaire confirme encore une fois, que la justice en Algérie, elle ni libre ni indépendante. Il est scandaleux que des hommes au pouvoir et dans l’opposition se permettent d’annoncer ce que compter décider les juges sur telles ou telle affaire. Nous n’allons pas construire un Etat de droit avec ces pratiques d’une autre époque. La justice est censée prendre ses décisions en toute indépendance. Les juges ne doivent recevoir aucune injonction du pouvoir exécutif ou d’une autre partie. Avec ce qui s’est passé mercredi et jeudi, on confirme davantage qu’il reste beaucoup de travail pour arriver à une séparation réelle des pouvoirs.
Certains observateurs se sont interrogés sur les critères suivis pour choisir les détenus qui bénéficieront soit de la grâce et de la liberté conditionnelle. Qu’en dites-vous ?
La démarche du pouvoir est ambiguë. Il a préféré garder le flou et l’incertitude. A mon avis, si le pouvoir est réellement pour une Algérie nouvelle, il doit libérer tous les détenus arrêtés pour des raisons politiques. C’est un préalable avant d’entamer toute réforme.