Le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché national a révélé mercredi une importante saisie de 23 000 tonnes de café importé réparties sur 1 200 conteneurs dans plusieurs ports nationaux, avec une concentration de 6 000 tonnes au port d’Alger. Cette intervention implique 66 importateurs ayant maintenu des stocks non dédouanés depuis septembre, révélant des pratiques potentiellement spéculatives sur le marché des matières premières.
Le contexte économique sous-jacent illustre une tension croissante sur le marché du café. Selon l’Office National des Statistiques, les prix ont connu une augmentation significative de 30,6% en juin 2024 par rapport à l’année précédente. Cette dynamique inflationniste s’est manifestée par une hausse substantielle des prix de détail, un paquet de 250g atteignant des sommets à plus de 400 dinars algériens.
Face à ces perturbations du marché, le gouvernement a élaboré une stratégie réglementaire précise et contraignante. Le décret exécutif n°24-279, promulgué le 20 août 2024, établit un cadre normatif complet visant à stabiliser le marché du café. Les mesures principales comprennent un plafonnement strict des prix selon la variété, différenciant le café Arabica et le Robusta, avec des prix maximaux respectifs de 1 250 DA et 1 000 DA par kilogramme.
Le dispositif gouvernemental intègre également un mécanisme de régulation des marges commerciales. Les importateurs voient leurs marges bénéficiaires limitées à 3% pour les importations, tandis que les circuits de distribution sont plafonnés à 4% pour le commerce de gros et 8% pour la vente au détail. Cette approche vise à contenir la spéculation et à protéger le pouvoir d’achat des consommateurs.
Les premières évaluations économiques sont prometteuses. L’Office National des Statistiques a constaté une baisse des prix de 16,5% dès octobre 2024, témoignant de l’efficacité initiale des mesures gouvernementales. Le secteur du café en Algérie présente désormais une structure plus stabilisée, avec 64 opérateurs économiques et 61 marques différentes, reflétant une dynamique de marché en pleine transformation.
La consommation nationale demeure soutenue, avec une moyenne de 3 à 4 kg par adulte, représentant un marché annuel estimé à 130 000 tonnes et un investissement de 300 millions de dollars. Cette importance économique explique la vigilance gouvernementale.
Dans une perspective prospective, l’exécutif maintient une stratégie interventionniste, prêt à envisager une possible nationalisation des importations si les opérateurs privés continuent de résister aux mécanismes de régulation.
L.N