L’attentat terroriste d’Iboudrarene (Tizi-Ouzou) qui a fait selon un bilan officiel 11 morts et 5 blessés et les images, virales, de la répression de la marche du 20 avril à Tizi-Ouzou ont été très discutés au Café Presse du jeudi.
Ces deux faits ont été perçus comme des marqueurs de la réalité d’un système perclus qui a expédié la formalité présidentielle, sans trop prêter attention à un Ali Benflis qui continue de ruer, médiatiquement parlant, dans les brancards. L’attentat de Tizi-Ouzou a relancé la question sur les raisons ou les causes de la persistance d’un terrorisme dans la Kabylie. Le fait qu’un ancien général, comme l’ancien chef d’état-major de la 1re Région militaire, le général Abderrazak Maïza, analyse l’attentat en mettant le doigt sur des défaillances opérationnelles, est une nouveauté qui a été abordée. L’armée est-elle touchée par la défaillance de gouvernance générale qui se traduit en Algérie par un affaiblissement de la compétence et de l’efficacité perceptibles dans les autres secteurs comme l’économie, l’éducation ou l’administration ? Le sujet a cessé d’être un tabou et le régime qui est « plus assis sur une légitimité sécuritaire qu’historique » est interrogé sur ce qui est censé être sa compétence première. On a ainsi posé la question de la persistance du QG d’AQMI en Kabylie et le fait qu’Abdelmalek Droudkel reste encore actif dix ans après son intronisation à la tête de l’organisation terroriste. Accord tacite, modus vivendi ? L’idée est très contestée. Mais on objecte surtout que la gestion de la sécurité, à plus forte raison dans un vaste pays avec des frontières immenses, n’est pas une affaire technique. Le problème de l’armée n’est-il pas dans le fait qu’elle légitime un régime qui n’a pas une véritable adhésion de la population. Voire même qui suscite de la défiance au sein de la population.
Bouteflik4 en mode Windows 95
L’armée peut-elle être efficace sans un soutien de la population ? Cette adhésion est-elle possible dans le cadre du régime actuel qui reste, malgré la formalité électorale, très contesté. Le régime va-t-il entendre les appels à la transition émanant de l’opposition ? Réponses dubitatives. La répression à Tizi-Ouzou – avec des images qui ont fait le buzz dans les réseaux – est appréhendée sous un aspect politique. Les derniers mois ont été marqués par la montée des contestations avec des débats ouverts qui n’hésitent pas « à aller dans les six mètres du régime ». Le Bouteflika4 veut refermer la « brèche » ou la « parenthèse » avec l’instrument, classique, de la répression. La question « tactique » pour le régime est «où mettre le curseur de la répression » pour fermer la brèche sans créer davantage de défiance. A Tizi-Ouzou, le curseur habituel a été troublé par l’irruption de l’internet, de l’iphone et de la capacité des gens à enregistrer des images, brutales, et de les diffuser sans avoir besoin de l’ENTV. Ce curseur de la répression est fortement chahuté pour un régime qui, a noté un des participants, est encore en mode Windows 95…