Le Café Presse du jeudi s’est livré à un décryptage de la lettre de l’ancien président Liamine Zeroual et le bilan, très négatif, qu’il fait des trois mandats de Bouteflika. Il a également évoqué la dégradation de la parole publique en rapport avec le gag de Sellal et les messages pressants de la société aux tenants du statuquo au sein du régime.
Le président Liamine Zeroual n’a pas évoqué dans sa lettre le mauvais gag qui met en fureur les Chaouias en particulier et les Algériens en général et les participants au Café Presse s’en réjouissent. Il a choisi de prendre de la hauteur en insistant sur la gravité de la situation et en mettant en cause la gestion de Bouteflika qui a non seulement cassé une transition possible en triturant la Constitution en 2008 mais a également créer des situations qui affectent la cohésion du pays et de l’armée. Les journalistes divergent sur le fait de savoir si Liamine Zeroual a appelé « implicitement » à voter pour Ali Benflis ou non. Mais ils s’entendent sur le fait que Zeroual, comme Mouloud Hamrouche et d’autres forces politiques, insistent sur l’urgence d’aller vers « un consensus national ». Cet appel de Zeroual exprime une inquiétude de plus en plus partagée que les tenants de l’immobilisme au sein du régime tablent dangereusement sur la « patience » des algériens alors que le contexte national est tendu et le contexte régional instable. Pour les élections, les participants du CPP continuent de considérer qu’elles sont « pliées » et que ce serait « miraculeux » de voir le régime en profiter pour « passer de Bouteflika à Benflis ».
Le printemps, le moustique et le fly-tox
L’enjeu principal reste pour l’après-17 avril et l’aptitude du régime à écouter les messages multiples qui émanent de la société pour aller vers le changement et éviter la casse et le chaos. Il y a un message de rationalité pour le changement qui est émis par les Algériens mais il n’est pas certain qu’il soit entendu par les tenants du statuquo. En attendant le 18 avril, la manière dont va se dérouler la campagne électorale pourrait également avoir un impact sur la situation générale. Le « gag Sellal » sur les Chaouias a été décrypté avec beaucoup de sévérité au Café Presse. Le Directeur de campagne de Bouteflika n’est pas un anti-Chaouia mais son « gag » lancé dans le cadre d’une activité publique traduit une dégradation de la parole publique dans un système à bout de souffle. On s’est moqué aussi de la facilité avec laquelle Sellal réduit le « printemps arabe » à un « moustique » qu’il traitera avec son « fly-tox ». Le régime n’a pas de message, il sombre dans la trivialité alors que le contexte est sérieux. Sur la campagne de Bouteflika menée par Sellal, on a noté ce grand poster de Bouteflika étalé à la coupole pour relever le surréalisme de la situation d’un candidat absent pour «une lourde et délicate charge, autant morale que physique », selon la formule de Zeroual. Le discours de la « stabilité » des partisans du 4ème mandat, une version algérienne, peu artistique, du simulacre du clan Takeda dont le chef meurt mais dont les vassaux œuvrent à « dissimuler sa mort pendant une durée de trois ans » ?.