Par: Idir Dahmani
Une matinée, c’était vers la fin de 1995, je me présente au journal La Tribune pour un poste de journaliste. C’était le rédacteur en chef qui me reçoit, Elkadi Ihssane. Souriant, sympathique modeste et très éloquent. J’étais encore étudiant, mais je connaissais évidemment le journaliste et le militant Elkadi. Je lisais ses papiers et je connaissais ses liens avec le printemps 80, son arrestation, le procès, sa naissance à Tripoli et son père Bachir le grand militant du FLN/ALN. J’étais membre du comité Amazigh de l’institut et c’était notre dada l’histoire, le militantisme et les militants.
Il me demande quelles études je fais, si je lis le journal et si je connais la ligne éditoriale de La Tribune. À cette époque une ligne éditoriale avait un sens et je voulais rejoindre ce journal justement pour sa ligne éditoriale.
Il me demande de rédiger un article sur le Sahara occidental … c’était l’actualité de la semaine. Je lui remets mes cinq « papiers bifteck », il jette un coup d’œil d’un professionnel et il me dit tu commences demain.
Le lendemain je suis journaliste à La Tribune chargé de la page Internationale avec Madame Bouchama et Monsieur Elkadi Ihssane était mon premier rédacteur en chef dans ce monde autrefois si désirable et d’une noblesse certaine. J’avais 25 ans et quelques jours. Dans le premier briefing je propose un « papier’ sur El Wali du front Polisario et la lutte des sahraouis. Dans la rédaction Elkadi était à la fois souple aimable comme un ami, sévère et précis comme un orfèvre.
Peu de temps après le gouvernement décide de suspendre le journal et une année plus tard le terrorisme s’installe pour plusieurs années.
Ce grand journaliste, ce militant fils de militant qui a refusé de quitter le pays quand la mort court les rues et les campagnes a été arrêté chez lui à minuit devant les yeux effarés de sa famille et présenté le lendemain menotté devant ses collègues médusés. Quelle tristesse.
Ceux qui malmènent aujourd’hui le journaliste militant et patriote Elkadi Ihssane se doivent de connaître un peu son histoire, son parcours et ses positions durant les 40 dernières années. Mais peut être qu’ils la connaissent assez pour vouloir mettre à genoux un journaliste libre et par ricochet tous les au