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Ces éco-internautes qui verdissent la Toile DZ

Par Maghreb Émergent
décembre 12, 2015
Ces éco-internautes qui verdissent la Toile DZ

 

A l’occasion de la Conférence sur les changements climatiques des Nations Unies (COP 21), tenue à Paris du 30 au 11 décembre, l’écologie est sur toutes les lèvres. Qu’en est-il de l’Algérie ? S’est elle aussi penchée au chevet de la planète aux côtés des 195 nations ? Rencontres avec quelques-uns de ces internautes engagés pour la défense de l’environnement.

Un portail sur l’écologie en Algérie. Tel est la raison d’être du blog Nouara « dédié à la magnifique nature du onzième plus grand pays du monde qui offre un panel incroyable d’écosystèmes et de biodiversité sur un très vaste territoire », écrit en guise de présentation son fondateur Karim Tedjani. « Afin de mieux vous renseigner sur les richesses naturelles de l’Algérie, ce portail compile des articles de presse web nationaux et internationaux, des études scientifiques, des dossiers thématiques », poursuit l’animateur de 42 ans. Eau, aires protégées, faune, flore, énergies, éco-tourisme, pollution, etc., tous les thèmes liés à l’environnement se retrouvent sur le site qui rassemble aujourd’hui plus de 3000 articles. Au-delà d’une revue du web, Nouara se veut aussi une vitrine de toutes les actions sur le terrain. « Nouara se déplace partout où il faut témoigner et faire la promotion du travail des associations écologiques algériennes », souligne Karim Tedjani. Muni de son appareil photo, ce grand gaillard à la peau mate, originaire de la région de Guerbès, dans la wilaya de Skikda, arpente le pays à la rencontre de ces acteurs engagés sur les questions écologiques, enregistrant à son compteur 30 wilayas parcourues en six ans.

Des initiatives citoyennes

« Une foule de collectifs mais aussi de citoyens isolés activent dans leur région pour que l’Algérie reste un pays beau et qu’il redevienne propre. Souvent, elles agissent avec succès, sans que personne, cependant n’en rende compte », témoigne le fondateur de Nouara. De l’association « Main dans la main » d’Oran de soutient à la femme rurale, à l’association Bariq 21 de Skikda qui œuvre pour la protection des zones humides de Guerbes-Sandhaja, en passant  par l’association scientifique et écologique de Takkuct à Aït Smaïl, dans la wilaya de Béjaïa, qui milite pour la préservation de leur écosystème forestier, c’est toute une Algérie d’initiatives vertes, illustrée par de belles photographies, que nous fait découvrir Karim Tedjani. S’il met en lumière les bonnes pratiques, cet amoureux de la nature pointe aussi les mauvaises rappelant régulièrement « les nombreuses difficultés et obstacles dans la protection de notre immense patrimoine naturel algérien qui est actuellement gravement en danger ».

Un électrochoc à l’origine de l’engagement

C’est d’ailleurs le constat de cette dégradation avancée qui a déclenché la naissance du blog Nouara, un nom choisit en hommage à sa grande-tante « la femme algérienne qui a eu la plus grande influence sur mon amour pour ce pays et de ses campagnes », confie ce franco-algérien, un pied sur chaque rive de la Méditerranée. « Après quinze ans d’absence en Algérie, de retour sur la terre de ses aïeux, je n’ai plus rien retrouvé de la vie d’antan, ni vautours, ni chevaux, et surtout la si belle nature des abords de la plage principale était devenue une décharge de bouteilles en plastique », confie-t-il. Et si maintenant le sujet de l’environnement s’impose comme une évidence, il y a six ans, ça ne l’était pas. « De retour en France après cette découverte désastreuse, j’ai tenté en vain de trouver des sites spécialisés sur la question », poursuit Karim Tedjani. « Je n’ai rien trouvé donc je l’ai fait ». De toutes ces expériences accumulées en Algérie depuis 2010, le créateur de Nouara prépare à présent un livre qui devrait sortir en mars 2016.

C’est aussi un électrochoc qui a été à l’origine de l’engagement écologique de Abdenour Nouiri, créateur et animateur de la page Facebook « Vertitude, la verte attitude ». « Ma rencontre avec Pierre Rabhi en 1997, le père fondateur de l’agriculture écologique en France, a été un véritable bouleversement », raconte ce professeur à l’Ecole des hautes études commerciales (HEC) d’Alger qui dirige une équipe de recherche autour de l’environnement au sein du laboratoire Marketic dont il est le responsable. « Depuis ce jour, je m’applique à mettre en pratique ces idées au quotidien », poursuit Abdenour Nouiri. « Cela va du compost dans le jardin au manger sain dans l’assiette ».

Responsabilité collective

Mais au bout d’un certain temps, le combat à petite échelle individuelle ne suffisait plus à ce fervent défenseur de la planète. C’est ainsi qu’est née « Vertitude » destinée à tous ceux « qui ont le désir de protéger la nature tout en se sentant bien » proclame la présentation sur Facebook. « Il s’agit avant tout d’une page de partage pratico-pratique où les internautes qui me suivent trouvent quotidiennement des conseils et astuces écolos ainsi que des exemples d’initiatives algériennes ». De la réutilisation des restes de riz à la fabrication du savon bio en passant par les bienfaits de l’ail ou encore la production de ses propres graines, les idées ne manquent pas. C’est encore la philosophie de Pierre Rabhi, natif de Kenadsa dans la wilaya de Béchar, qui a inspiré la création du collectif Torba en 2014 sous l’impulsion de Karim Rahal. Ce collectif œuvre à « une agriculture respectueuse de l’environnement et de la santé des populations », indique le site internet. « Nous travaillons à promouvoir l’utilisation fondamentale du compost, qui peut être fabriqué par recyclage de tout déchet ménager, potager ou agricole.

Nous cherchons également à sauvegarder la semence locale. Par ailleurs, un système de commercialisation court a été mis en place, entre producteur et adhérents Torba », détaille la page de présentation. Pour tous ces militants de l’environnement, l’histoire du petit colibri de Pierre Rabhi  constitue la matrice de leur engagement. Elle raconte qu’au cours « d’un feu dévastateur en forêt, un petit colibri s’affaire dans le ciel. Il vole de feuille en feuille, très haut, à la recherche de la moindre goutte d’eau. Dès qu’il en saisit une, au creux d’une feuille ou d’une souche, il la met dans son bec et va la projeter sur le feu. Un homme qui l’aperçoit le rappelle à l’ordre: “Petit colibri, mais pourquoi t’affaires tu ? Tu vois bien qu’à toi tout seul, tu n’éteindras pas le feu”… Et le petit colibri répond : « Je fais ma part ».

 

 

 

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