Clarifications de Mohamed Chafik Mesbah - Maghreb Emergent

Clarifications de Mohamed Chafik Mesbah

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Nous publions ici des précisions que nous a fait parvenir Mohamed Chafik Mesbah au sujet de son passage, mardi dernier, sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.

 

 

Dans la retranscription de mes propos tenus lors de mon passage a la radio web de « Maghreb Emergent », il est apparu soit des ambigüités, soit des contre-sens que je souhaite clarifier.

Tout d’abord, le comportement de la police nationale lors de la célébration récente du « Printemps berbère » à Tizi Ouzou. A propos, tout particulièrement, du général-major Abdelghani Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, j’ai juste indiqué qu’il avait exercé au sein de la Gendarmerie nationale alors que j’étais en activité au sein de l’Armée nationale populaire et que nous avions eu à nous connaître. J’ai noté, effectivement, depuis sa nomination dans ses fonctions actuelles qu’il avait perçu l’importance de la gestion « démocratique » des manifestations populaires puisqu’il a donné instruction pour que les policiers ne soient pas dotés d’armes et qu’ils s’efforcent de contenir la foule sans user de violence. Lorsque la journaliste de « Maghreb Emergent » a usé du terme « démocratique », je l’ai repris en considérant qu’il était entendu que c’etait une expression entre guillemets. Il a pu être constaté, néanmoins, que la police, sans recourir aux armes, a usé de violence physique excessive à l’encontre des citoyens, tant lors du rassemblement de Barakat devant la Grande Poste, à Alger, qu’à l’occasion de la manifestation de commémoration du Printemps berbère à Tizi Ouzou. J’ai évoqué, enfin, des pressions que pourrait avoir subi le général-major Hamel pour passer de la gestion « démocratique » à la gestion violente des manifestations. De par mes fonctions antérieures, je n’ignore pas que la Direction générale de la Sûreté nationale est soumise à deux tutelles. L’une virtuelle la place sous le contrôle du ministère de l’Intérieur. L’autre réelle la soumet à l’autorité de la Présidence de la République.

A propos de l’attentat terroriste survenu, ces jours derniers, en Kabylie, j’ai effectivement mis en évidence le déficit de confiance qui existe entre la population et les pouvoirs publics dans cette région. Pour mémoire, le rapport de forces a basculé entre groupes terroristes et forces de l’ordre lorsque les citoyens, toutes catégories confondues, se sont démarqués pour appuyer le rétablissement de la sécurité. Cela pour l’aspect politique. Sur le plan technique, je dois souligner que toutes les attaques terroristes réussies contre les cantonnements militaires ou troupes en déplacement ont été facilitées par l’esprit de routine et la nonchalance. C’est en ce sens que j’ai estimé que le commandement militaire aurait dû informer, laconiquement au besoin, l’opinion publique des décisions disciplinaires engagées plutôt que de se livrer a un plaidoyer pro domo.

Les journalistes animateurs du débat ont évoqué l’hypothèse d’un deal qui aurait permis aux groupes terroristes de se refugier en Kabylie avec l’engagement de sanctuariser la capitale. J’ai, d’emblée, écarté cette hypothèse car je ne considère pas que les chefs militaires actuels, quel que soit leur positionnement politique, puissent se résoudre à cette extrémité. J’ai, effectivement, souligné que les officiers dans les échelons de responsabilité intermédiaires avaient l’amour de la patrie chevillé au corps et que jamais ils ne s’engageraient dans une démarche destinée à affecter les intérêts vitaux de l’Algérie. Dans le même ordre d’idées, j’ai évoqué, effectivement, le cas d’officiers généraux exerçant de grands commandements qui auraient été choisis sur la base de l’allégeance personnelle au Président de la République. Par opposition, j’ai souligné que la quasi-totalité des officiers en exercice au sein de l’ANP étaient guidés, exclusivement, par leur attachement indéfectible à la patrie.

Lorsque l’élection présidentielle de 2004 a été évoquée, j’ai mis en relief deux faits importants. Premièrement, j’ai déclaré que l’ancien chef d’état-major de l’ANP, le général Mohamed Lamari, hostile, sans ambigüité, à la réélection de M. Abdelaziz Bouteflika, était favorable à l’élection de M. Ali Benflis. C’est l’intervention des Etats-Unis d’Amérique, à travers leur ambassadeur à Alger, qui a incité le général Mohamed Lamari à laisser le cours des choses aller dans la direction du renouvellement du mandat de M. Abdelaziz Bouteflika. Il ne s’agissait pas, cependant, d’obtenir un appui au projet du Grand Moyen-Orient (GMO) supposé devoir « démocratiser » le monde arabe. Au contraire, l’administration américaine, soumise à la pression de ses alliés en Egypte, en Arabie Saoudite et en Tunisie, avait décidé, sur ce projet, de reculer jusqu’à nouvel ordre. A l’époque, avec l’appui de l’armée, il aurait été possible d’engager une transition démocratique qui aurait servi d’exemple, avant l’heure, pour les pays arabes. Les engagements pris, probablement, par M. Abdelaziz Bouteflika vis-à-vis des Etats-Unis d’Amérique se rapportaient à d’autres questions, la loi sur les hydrocarbures, le règlement du conflit du Sahara Occidental et la normalisation des relations avec Israël. Force est de constater que ces engagements n’ont pas pu être tenus dans toute la rigueur escomptée.

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